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11avr16

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Les États-Unis ordonnent l'expulsion d'un chef du renseignement du DAS accusé de torture dans l'affaire Claudia Julieta Duque


Communiqué d'Equipo Nizkor

Enrique Alberto Ariza Rivas, ancien directeur du renseignement de l'ancien Département administratif de sécurité (DAS), a été appréhendé par les autorités américaines en vue de sa future expulsion vers la Colombie, où il devra répondre devant la justice de la torture psychologique commise sur la journaliste et défenseuse des droits de l'homme, Claudia Julieta Duque.

L'arrestation et le mandat d'expulsion (deportation order) d'Ariza Rivas, qui fuyait la justice depuis mars 2013, ont pu avoir lieu grâce aux actions de la Human Rights Violators and War Crimes Unit (HRVWCU), qui dépend de la Division des investigations de la sécurité nationale de la Homeland Security des États-Unis. Son objectif est d'éviter que des personnes étrangères impliquées dans des violations graves des droits de l'homme, dont des crimes de guerre et de la torture, trouvent refuge aux États-Unis, éludant ainsi l'action de la justice.

Depuis 2014, la HRVWCU est chargée de l'enquête sur Ariza Rivas à la demande de la journaliste et de son avocat, avec le soutien des Brigades de Paix Internationales. Ce processus comporte une procédure judiciaire de déportation administrative, distincte des démarches similaires en cas d'irrégularité migratoire, d'extradition ou de capture internationale, qui s'est conclu deux années plus tard par une décision en défaveur de l'accusé, décision qui est susceptible de faire l'objet d'un appel. Selon des informations fournies par le Procureur général de la Nation en Colombie, Enrique Ariza Rivas serait détenu depuis le 30 mars aux États-Unis, date où la décision à son encontre lui a été notifiée par le tribunal de l'immigration.

La confirmation de la décision impliquerait pour Ariza Rivas sa mise à disposition par les autorités américaines au Tribunal pénal spécialisé nš 2 de Bogotá, où se tient le procès pour torture psychologique, dans lequel seont également accusés José Miguel Narváez, ancien sous-directeur du DAS et créateur et directeur de facto du Groupe spécial de renseignement 3 (G-3), ainsi que Gian Carlo Auqué De Silvestri, en fuite, également ancien directeur du renseignement du DAS.

Ariza Rivas, qui était jusqu'il y a peu fugitif, devra en outre purger une peine de 105 mois de prison pour association de malfaiteurs aggravée, violation du secret des correspondances et utilisation illicite d'appareils de transmission et de réception dans le scandale des écoutes illégales (chuzadas) effectuées par le DAS. Cette condamnation lui a été imposée en novembre 2012 et confirmée en mars 2014.

L'Equipo Nizkor, auquel appartient la journaliste Claudia Julieta Duque, salue l'action des autorités américaines et la rapidité avec laquelle elles ont agi concernant Ariza Rivas, ce qui nous l'espérons constituera un précédent dans des affaires similaires.

Il s'agit également d'un signal fort envoyé aux institutions colombiennes qui, par action et par omission, ont non seulement permi que deux autres accusés prennent la fuite, mais les ont aidé à rester en liberté, malgré l'existence prouvée d'une chaîne de faits et d'actes qui auraient facilité leur capture s'il y avait eu la volonté réelle d'exécuter les ordres judiciaires.

C'est le cas pour Gian Carlo Auqué qui, en janvier 2015, est sorti de manière irrégulière de la prison d'El Bosque de Barranquilla après avoir purgé sa peine pour l'affaire des mal dénommées chuzadas alors qu'une mesure de détention préventive pour le crime de torture contre Claudia Julieta Duque pesait contre lui. Depuis lors, aucune autorité n'a procédé à son arrestation, alors que l'accusé a lui-même fourni l'adresse à laquelle il se trouvait.

Par la suite, le Corps technique d'investigation du Procureur général de la Nation a établi que, alors qu'il est fugitif, Auqué De Silvestri a mené une campagne politique pour les élections régionales d'octubre 2015 en faveur de plusieurs candidats en divers endroits de la Côte atlantique.

Il a également été établi que l'immeuble où il vivait était gardé par la Police nationale et par des gardes du corps de l'Unité nationale de protection. L'ampleur des irrégularités dans cette affaire est telle que l'Institut national pénitentaire (INPEC) a certifié il y a quelques mois que Gian Carlo Auqué n'a jamais été prisonnier et que son nom n'apparaît même pas dans leurs bases de données.

Pour ce qui est de Rodolfo Medina Alemán, ancien directeur de la contre-intelligence du DAS, accusé tout comme l'ancien détective Ronal Rivera, les autorités policières n'ont pas exécuté l'ordre de capture, alors que son épouse travaille pour la Procureur général de la Nation et que la Police de la route s'est rendu chez lui pour lui imposer une amende en décembre 2013 à Bogotá. Il y a moins de deux mois, Medina s'est rendu lui-même chez un notaire public de la capitale colombienne pour changer d'avocat.

Contrairement aux autorités colombiennes, les autorités américaines compétentes ont localisé, mis en examen et jugé Enrique Ariza pour le remettre à la justice colombienne dans un laps de temps très court.

Conscient des risques que suppose l'arrestation d'Enrique Ariza Rivas pour la recherche de la vérité et de la justice dans l'affaire de la journalise Claudia Julieta Duque, précédent inédit de poursuites pénales pour un crime de torture psychologique, l'Equipo Nizkor rend une fois de plus responsable l'État colombien de toute détérioration de la situation sécuritaire de la journaliste, de son avocat Me Víctor Javier Veláquez Gil et de leurs familles respectives.

Equipo Nizkor
Charleroi, Madrid et Bogotá, 11 avril 2016


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small logoThis document has been published on 12Apr16 by the Equipo Nizkor and Derechos Human Rights. In accordance with Title 17 U.S.C. Section 107, this material is distributed without profit to those who have expressed a prior interest in receiving the included information for research and educational purposes.