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10jun13


L'Otan: une croix trop lourde à porter pour la Géorgie ?


Sept corps de militaires géorgiens tués dans un attentat dans la province afghane du Helmand ont été transportés dimanche à Tbilissi, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta du 10 juin 2013.

La Géorgie a annoncé un deuil national ; les drapeaux ont été mis en berne. Plusieurs hommes politiques et organisations ont déclaré qu'il fallait retirer les unités géorgiennes d'Afghanistan. Lors de rassemblements, la population a demandé que la Géorgie renonce à l'Otan et se tourne vers la Russie.

L'avion américain transportant les corps a atterri à Tbilissi vers 2 heures et demie du matin.

Les proches des victimes, les représentants du gouvernement géorgien, les militaires et les diplomates accrédités dans le pays, ainsi que des centaines d'habitants de la capitale étaient présents.

Les unités géorgiennes de la base militaire de Choukvani, dans la province du Helmand, ont été attaquées par un kamikaze jeudi soir. C'est le deuxième deuil national annoncé en Géorgie pour des victimes en Afghanistan en trois semaines : trois militaires avaient déjà perdu la vie mi-mai, au même endroit et dans des circonstances semblables. A l'époque les autorités officielles du pays avaient donné des explications étranges, selon lesquelles les talibans ne cherchaient pas à se venger des Géorgiens mais avaient simplement confondu le drapeau géorgien (cinq croix rouges sur un fond blanc) avec le drapeau britannique. Le 6 juin l'explication ne tenait plus, après cette nouvelle attaque qui a engendré 7 morts et 9 blessés.

A la veille de la tragédie, une nouvelle vidéo était publiée sur internet dans laquelle les talibans déclaraient le jihad à la Géorgie, aux Géorgiens et au président Mikhaïl Saakachvili personnellement. Ce dernier s'est rendu à la base de Coukvani le 26 mai (Journée de l'indépendance en Géorgie) et pendant le dîner avec les militaires, filmé pour la télévision, s'est intéressé aux détails des opérations des soldats géorgiens et au nombre de résistants afghans tués. Ce reportage a été particulièrement critiqué non seulement à Tbilissi mais aussi à l'étranger et son extrait figurant dans le message vidéo des talibans.

Geïdar Jemal, président du Comité islamique de Russie, note que certains détails de la vidéo ne correspondent pas au scénario traditionnel de proclamation du jihad. Selon Jemal, la forme de l'annonce n'est pas respectée - mais le peuple afghan mène déjà un "jihad défensif" contre la coalition de l'Otan.

Les experts afghans se sont également prononcés sur cette vidéo. L'un d'eux estime que l'enregistrement est un faux car les Géorgiens y sont qualifiés de "croisés modernes" - or les islamistes n'emploient pas ce terme. Un autre expert affirme que la voix de la vidéo est celle d'un Pakistanais, si l'on écoute attentivement son accent anglais. Un troisième expert a identifié d'autres points particuliers de la vidéo qui prouveraient que son auteur n'a rien à voir avec les talibans et sa "signature" révèlerait le style… des services russes.

En réaction à ces événements tragiques, la population géorgienne exige le départ des troupes d'Afghanistan. L'Union des vétérans de l'Afghanistan, qui a connu tout le "charme" du service dans ce pays à l'époque soviétique, a été la première à formuler cette demande. L'ex-présidente du parlement géorgien Nino Bourjanadze a exigé de rendre publique l'intégralité du traité sur le séjour des forces géorgiennes en Afghanistan - qui y resteront après le retrait de la majeure partie des forces de la coalition. "Pour quelle cause meurent nos gars ? Pourquoi le contingent géorgien en Afghanistan est-il le plus important après les USA ?" : ces questions intéressent la société géorgienne. Et cette dernière semble de moins en moins satisfaite par les réponses, qui insistent sur la nécessité d'adhérer à l'Otan ou font valoir que cette implication sera bénéfique à l'intégrité territoriale du pays à terme. C'est ainsi que s'est exprimé David Oussoupachvili, président du parlement et chef du parti républicain de la coalition Rêve géorgien au pouvoir.

Evidemment, la société géorgienne est hétérogène et on ne peut pas dire qu'elle exige à l'unanimité le retrait des troupes d'Afghanistan, même au détriment de la rupture des relations avec l'Otan. Mais la tendance est flagrante. Et quand on aborde le thème afghan dans les débats, le ton des discussions pourrait être résumé ainsi : pourquoi a-t-il fallu détériorer les relations avec la Russie au point d'en avoir peur, si bien que nous sommes allés chercher la protection de l'Otan et que désormais, les talibans peuvent s'en prendre à la Géorgie ?

[Source: Ria Novosti, Moscou, 10jun13]

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