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28dec06


Une farce judiciaire : un tribunal irakien confirme la condamnation à mort de Saddam Hussein.


La confirmation hier de la condamnation à mort prononcé contre Saddam Hussein est le dernier acte de la farce judiciaire mise en scène par Washington. La Cour d’appel irakienne a maintenu le verdict prononcé contre Hussein et deux autres coaccusés, Barzan Ibrahim al-Tikriti et Awad Hamed al-Bandar, le 5 novembre dernier, condamnés pour avoir fait exécuter 148 chiites de la ville de Dujail en 1982. Maintenant que la seule possibilité d’appel est épuisée, tous les trois pourront être pendus n’importe quand au cours des trente prochains jours.

Le porte-parole de la Maison-Blanche Scott Stanzel a louangé la décision du tribunal, déclarant qu’elle était « un jalon important » des tentatives pour « remplacer le joug d’un tyran par le règne de la loi ». En fait, l’administration Bush a plusieurs fois démontré son mépris envers les normes les plus élémentaires de la justice, passant outre au droit international et américain. Elle a fait pression pour l’exécution d’Hussein comme façon de démontrer au monde qu’elle peut punir ses adversaires en toute impunité.

La décision de la Cour d’appel n’a surpris personne. Du départ à la fin, le procès d’Hussein et d’importantes personnalités de son régime baasiste a été un véritable théâtre politique où la fin était écrite à l’avance. L’administration Bush a refusé de juger l’ancien homme fort de l’Irak devant un tribunal international, a établi les règles bancales de la Haute Cour irakienne et a fait supervisé chacun des aspects de la cause par une grande équipe d’avocats américains basée à l’ambassade américaine de Bagdad.

Le gouvernement chiite de Bagdad, une marionnette de Washington, est intervenu de façon évidente dans le procès, l’exploitant pour consolider son appui dans sa base sociale. Peu après que le verdict fut donné le mois dernier, le premier ministre irakien Nuri al-Maliki, a prévu le résultat du processus d’appel, déclarant à la BBC qu’il s’attendait à ce qu’Hussein soit pendu avant la fin de l’année. Significativement, la décision d’hier n’a pas d’abord été annoncée par la Cour d’appel, mais par un ministre gouvernemental, le conseiller à la sécurité nationale, Mouwafak al-Rubaie.

Des spécialistes du droit international et des organismes de défense des droits humains ont critiqué à maintes reprises le processus légal. Dans une déclaration publiée mardi, Human Rights Watch (HRW) a décrit le procès comme étant « foncièrement inéquitable » et a demandé au gouvernement irakien de surseoir à l’exécution. Rendu public le mois dernier, le rapport détaillé de 97 pages de HRW sur l’affaire Dujail dévoilait les nombreuses violations du processus légal élémentaire, dont notamment celles témoignant de l’ingérence du gouvernement dans le procès. Le rapport concluait que la conduite de la cour reflétait « une incompréhension fondamentale des principes essentiels d’un procès équitable ».

En janvier, Rizgar Muhammed Amin, le juge de l’affaire, avait été forcé de démissionner après que d’importants représentants gouvernementaux l’aient dénoncé pour avoir laissé trop de latitude aux défendeurs et aux avocats de la défense. Celui qui l’a remplacé, Raouf Abdel Rahman, a passé outre aux objections de la défense à maintes reprises, expulsant de la cour les défendeurs et leurs avocats. Les oppositions de la défense quant à la légitimité d’une cour établie sous une invasion illégale ont été tout simplement été rejetées. Mardi, l’ancien ministre américain de la Justice, Ramsey Clark, qui faisait partie de l’équipe de défense de Hussein, a décrit le processus légal comme étant un simulacre.

Le procès n’a jamais eu pour but de rendre justice. La première accusation a été sciemment limitée au massacre de Dujail en 1982 pour éviter toute référence à l’étroite collaboration de Washington avec l’ancien homme fort de l’Irak, particulièrement vers la fin des années 1980. L’administration Bush était grandement inquiète que Hussein suive l’exemple de l’ancien président serbe Slobodan Milosevic et implique les États-Unis dans les crimes du régime baasiste.

À la suite du renversement du shah d’Iran en 1979, les États-Unis avaient activement encouragé Saddam Hussein à envahir le pays en 1980 afin de miner le nouveau régime islamique. L’incident de Dujai s’était produit lors d’une série de revers subis par l’armée irakienne dans la guerre Iran-Irak. L’exécution d’hommes et de garçons chiites de la ville de Dujail avait été menée en réplique à une tentative d’assassinat sur Hussein par des membres du Dawa — le même parti islamique auquel adhère le premier ministre Maliki.

En 1983 et 1984, l’ancien secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld s’est rendu à Bagdad en tant qu’envoyé spécial du président américain afin de cimenter les liens avec le régime d’Hussein. Après ces visites, les Etats-Unis ont fourni une aide militaire et économique à l’Irak, incluant le développement d’armes chimiques qui seront utilisées contre les troupes iraniennes et les Kurdes alliés de l’Iran. Un second procès est actuellement en cours relativement aux atrocités commises contre les Kurdes à la fin des années 1980 — la campagne connue sous le nom d’Anfal. Bien entendu, il n’y a pas un mot dans le procès sur la complicité des Etats-Unis.

Quels que soient les crimes indéniables d’Hussein, l’administration Bush est directement responsable de guerres et de crimes beaucoup plus graves. Il est estimé que plus de 650 000 Irakiens sont morts directement à cause de l’invasion et de l’occupation illégale menée par les Etats-Unis. Les accusations pour lesquelles Hussein vient d’être reconnu coupable — des représailles pour une tentative d’assassinat sur sa personne — sont une pratique standard de l’armée américaine en Irak, qui a bombardé sans merci et rasé des bâtiments et des villages soupçonnés d’être des foyers d’insurgés.

Régulièrement, les soldats américains s’introduisent de force dans les maisons et détiennent des Irakiens de façon arbitraire. Des milliers de personnes sont détenus sans procès dans des prisons sous contrôle américain où elles sont torturées. Des détenus de haut rang ont tout simplement disparu dans le goulag américain des prisons secrètes et des chambres de torture. Plusieurs des escadrons de la mort chiites qui sont actuellement critiqués dans les médias américains tirent leur origine de « l’option du Salvador » implantée pour la première fois en 2004 après la nomination de John Negroponte comme ambassadeur américain en Irak. Des escadrons de tueurs opérant sous la gouverne du ministère de l’Intérieur sont généralement considérés comme les responsables du meurtre de trois avocats de la défense d’Hussein.

L’annonce de la Cour d’appel coïncide avec les plans de l’administration américaine pour une escalade de la violence contre le peuple irakien. Le président Bush est prêt à annoncer une grande augmentation du nombre des soldats en Irak, de 20 000 à 50 000 de plus, pour une attaque sanglante à Bagdad et la province d’Anbar à l’ouest du pays contre les insurgés anti-américains et la milice chiite de l’imam Moqtada al-Sadr. Ce qui est en préparation est un crime qui fera pâlir tout ce qu’Hussein a pu accomplir en comparaison.

Les responsables pour l’invasion et l’occupation criminelle de l’Irak — Bush, Cheney et le reste des bandits à la Maison-Blanche — doivent tous être jugés pour crimes de guerre.

(Article original anglais publié le 27 décembre 2006)

[Fuente: By Peter Symonds, World Socialist Web Site, 28dec06

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