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26jan19


Les partisans de Maduro et de Guaido s’affrontent dans la rue: Le Venezuela au bord de la guerre civile


La crise politique au Venezuela couve depuis des années ; elle a été cependant précipitée en quelques jours. Mercredi, le chef du Parlement, Juan Guaido, s’est autoproclamé «Président par intérim» pour chasser l’actuel président, Nicolas Maduro, du pouvoir.

Arrivé au pouvoir depuis 2013, après la mort d’Hugo Chavez, Nicolas Maduro, avait été investi le 10 janvier dernier pour un deuxième mandat de six ans. Mais, en dépit de ce que prévoit la Constitution, son investiture a lieu devant la Cour suprême, composée de fidèles au régime et non devant le Parlement, acquis à l’opposition.

C’est en réalité depuis lors que les partisans des deux camps sont descendus dans la rue pour en découdre et que la situation a commencé à se dégrader gravement. Selon la haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, plus de 350 personnes ont été arrêtées cette semaine lors de ces manifestations, «dont 320 pour la seule journée du 23 janvier». L’ancienne présidente chilienne a réclamé des «discussions immédiates pour désamorcer une atmosphère de plus en plus inflammable». L’ONG Observatorio Venezolano de Conflictividad Social indique de son côté que les manifestations ont fait 26 morts en quatre jours.

Batailles de rue

La tension est actuellement à son comble dans ce pays qui – bien que riche de par ses ressources naturelles – se débat dans une grave crise économique. Le pays est frappé par d’importantes pénuries de nourriture et de médicaments, et soumis à une hyperinflation qui devrait atteindre 10 000 000% en 2019. Il est également asphyxié financièrement.

Les Etats-Unis achètent au Venezuela un tiers de sa production pétrolière, qui a chuté à 1,4 million de barils/jour et représente 96% des entrées de devises. Et un plus grand pourrissement de la situation pourrait bien déboucher sur une guerre civile, surtout que Juan Guaido, 35 ans, a appelé les Vénézuéliens à poursuivre leurs manifestations contre le régime.

Nicolas Maduro campe aussi sur ses positions. Après avoir reçu jeudi le soutien déterminant des chefs de l’armée, le président vénézuélien devrait quant à lui de nouveau dénoncer, hier devant la presse, un coup d’Etat en cours orchestré, selon lui, par les Etats-Unis. «Jamais je ne renoncerai», a-t-il répété jeudi. Le procureur général, Tarek William Saab, devait, lui, se prononcer sur l’ordonnance émise par la Cour suprême du Venezuela afin d’ouvrir une enquête pénale sur le Parlement, contrôlé par l’opposition, pour avoir «usurpé» les fonctions de Nicolas Maduro.

Guerre d’influences

Pour sa part, Juan Guaido a déclaré à la chaîne Univision qu’il se préparait à annoncer de nouvelles mesures. «Nous continuerons à aller de l’avant pour mettre un terme à l’usurpation du pouvoir (et établir) un gouvernement de transition et des élections libres», a-t-il dit depuis un endroit secret dans Caracas. Juan Guaido a laissé entrevoir une porte de sortie à Nicolas Maduro, en évoquant une éventuelle amnistie. Le Parlement avait promis le 15 janvier une «amnistie» aux soldats qui ne reconnaîtraient pas le gouvernement Maduro. Une offre évidemment rejetée par Nicolas Maduro.

Juan Guaido a été reconnu, très rapidement, par les Etats-Unis puis par plusieurs pays d’Amérique latine, dont le Brésil et le Canada. «Il est dangereux d’avoir des gouvernements parallèles», a relevé Michael Shifter, du Dialogue interaméricain, cité par l’AFP.

Nicolas Maduro a, de son côté, mis en avant le soutien de l’armée, réaffirmée par la voix de son ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino. Il a remercié jeudi les militaires face à ce qu’il a appelé un «coup d’Etat en marche» dirigé par «l’empire des Etats-Unis». «Il ne fait aucun doute que c’est Donald Trump lui-même qui veut imposer de facto un gouvernement», a-t-il lancé. Nicolas Maduro est soutenu également par Moscou et Pékin qui se disent opposés à toute ingérence étrangère.

Pour sa part, l’Union européenne, poussée par l’Espagne, considère comme illégitime le deuxième mandat de Nicolas Maduro et réclame des «élections libres», sans reconnaître Juan Guaido. Mais l’Allemagne s’est déclarée prête, «dans le cadre des consultations européennes», à reconnaître Juan Guaido comme président du Venezuela, si des élections libres ne peuvent pas être organisées «d’ici peu».

Au vu des positions des uns et des autres, il faut s’attendre donc à ce que la crise vénézuélienne, comme pour le dossier syrien, fasse aussi l’objet d’un intense bras de fer entre les grandes puissances. Ce qui n’est pas bon du tout pour les Vénézuéliens.

[Source: El Watan, Alger, 26jan19]

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