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10jul13


La transition fait consensus en Egypte : Les Frères musulmans isolés


Après quelques jours de tractations, le président par intérim a fini par nommer les deux personnalités les plus consensuelles sur lesquelles les Egyptiens fondent leurs espoirs pour pacifier leur pays. Les nouvelles nominations ainsi que le comportement du principal parti salafiste, Al Nour, qui a réintégré la coallition, isolent un peu plus les islamistes pro-Morsi.

L'économiste Hazem Beblawi a été chargé, hier, de diriger le gouvernement de transition en Egypte, tandis que le prix Nobel de la paix Mohamed El Baradei, un temps pressenti pour être Premier ministre, a été désigné vice-président chargé des relations internationales, selon le porte-parole de la Présidence.

C'est incontestablement le meilleur casting possible au regard des enjeux auxquels devront faire face les nouvelles autorités égyptiennes post-Morsi.

Les deux personnalités ont ceci de particulier, qu'ils cumulent de longues expériences dans leurs domaines respectifs. Le nouveau Premier ministre est un économiste de tendance libérale, âgé de 76 ans, qui a fait une longue carrière dans plusieurs institutions économiques privées et publiques, égyptiennes et internationales. Hazem Beblawi a été aussi vice-Premier ministre et ministre des Finances en 2011, durant la période de transition sous la direction militaire qui a suivi la chute de Hosni Moubarak.

Sa mission est loin d'être une sinécure tant il devra remettre en marche une économie égyptienne à genoux. Mais, bonne nouvelle, il vient de recevoir deux très bons cadeaux sous forme de deux enveloppes libellées en milliards de dollars. Trois milliards de dollars, dont un million en don, en provenance des Emirats arabes unis. Mieux encore, l'Arabie Saoudite, elle aussi opposée aux Frères musulmans, s'apprête à accorder un prêt de cinq milliards de dollars d'aide à la nouvelle direction égyptienne.

Une bouffée d'oxygène en ces moments de troubles. Aussi, l'onction du principal parti salafiste, Al Nour, qui a soutenu le coup militaire, est de nature à mettre le nouveau Premier ministre dans de bonnes dispositions. Quant à Mohamed El Baradei, la mission de vice-président chargé des affaires étrangères lui va comme un gant tant l'homme traîne derrière lui une très longue carrière de diplomate chevronné qui avait dirigé de main de maître la très sensible Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ponctuée d'un prix Nobel de la paix pour ses efforts contre la prolifération nucléaire.

Le monde entier se souvient de ces prises de bec avec l'Administration de George Bush qui l'avait même forcé à se déchausser à l'aéroport de New York pour lui faire payer son refus d'admettre l'existence des armes de destruction massive en Irak.

«Pluie» de dollars sur l'Egypte

Mohamed El Baradei est donc loin d'être un homme des Américains. Il a gagné ses «galons» sur le terrain diplomatique par sa droiture et son souci de ne pas être le «caniche» des USA et ses alliés prêts à dégainer contre l'Iran, l'Irak et ce que Bush appelait «l'axe du mal».

Sans doute que El Baradei va aider, grâce à son aura personnelle, à requinquer l'image de l'Egypte à l'international. Cela étant dit, peu après ces nominations, l'armée a mis en garde contre toute perturbation dans le «délicat et complexe» processus de transition, dans une déclaration à la télévision publique. Signe que les choses se calment plus ou moins même si la tension reste dans l'air, le soulèvement annoncé des Frères musulmans contre le «massacre» n'a pas réuni les grandes foules. Hier, il n'y a pas eu d'incidents majeurs, sinon quelques accrochages ici et là.

La journée d'hier a été dédiée aux funérailles des victimes des violences survenues lundi à l'aube lors d'une manifestation pro-Morsi devant le siège de la Garde républicaine au Caire qui ont fait au moins 51 morts et 435 blessés, selon les services des urgences.

Pour autant, la situation demeure instable. Le fait est que la déclaration constitutionnelle annoncée par le président par intérim, Adly Mansour, pour gérer la transition soulève des réserves des deux camps. Celle-ci prévoit la réforme de la Constitution qui devra être validée par référendum, puis l'organisation d'élections législatives d'ici début 2014.

Signalons, par ailleurs, qu'une source judiciaire citée par l'AFP indique que quelque 650 personnes soupçonnées d'avoir voulu entrer de force dans le bâtiment de la Garde républicaine ont été interrogées.

La «déclaration constitutionnelle» du Président par intérim:

Le président égyptien par intérim, Adly Mansour, a effectué, dans la nuit de lundi à mardi, une «déclaration constitutionnelle» qui esquisse un calendrier électoral. Cette feuille de route prévoit, notamment, l'organisation de législatives d'ici début 2014.

En voici les principaux points.

Constitution

  • Le président par intérim nomme, sous 15 jours, un comité d'experts chargé de présenter des amendements à la Constitution de 2012, actuellement suspendue.
  • Ces experts ont 30 jours pour élaborer ces amendements, qui seront ensuite présentés à une commission de 50 personnalités représentant les diverses composantes de la société égyptienne (partis, syndicats, dignitaires religieux, armée...).
  • Cette commission dispose à son tour de 60 jours pour remettre la version finale de la nouvelle Constitution au président par intérim.
  • Un référendum est organisé sous 30 jours pour l'approbation du nouveau texte.

Élections

  • Le président par intérim dispose de 15 jours pour convoquer des élections législatives à compter de l'adoption de la Constitution amendée.
  • Ces législatives doivent avoir lieu dans les deux mois suivants leur convocation.
  • Dès la première session du nouveau Parlement, le président dispose d'une semaine pour annoncer la tenue d'élections présidentielles.

Président

  • Le président par intérim détient les pouvoirs législatifs jusqu'à l'élection du nouveau Parlement.
  • Le président par intérim a notamment le pouvoir de décréter l'état d'urgence, après approbation du cabinet.
  • L'état d'urgence ne peut être décrété que pour une durée de trois mois ; il doit ensuite être approuvé par référendum pour être renouvelé.
[Source: Par Hassan Moali, El Watan, Alger, 10jul13]

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Crisis in Egypt
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