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15juil13


Morsi accusé d'espionnage et de crise économique


L'Egypte accuse l'ancien président Mohamed Morsi d'espionnage, d'incitation à la violence et des dégâts considérable infligés à l'économie du pays, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta du 15 juillet 2013.

Le parquet examine également l'activité de huit Frères musulmans, y compris celle du leader spirituel du mouvement Mohammed Badie. Les partisans de Morsi, quant à eux, organisent aujourd'hui leur "Marche des millions".

Selon l'opposition civile, Morsi n'était qu'une façade quand il occupait encore le siège de président : le pouvoir réel était détenu par les Frères musulmans et notamment Mohammed Badie, qui lui donnait personnellement des ordres. C'est pourquoi l'enquête concerne actuellement le président mais aussi le sommet du mouvement. Les investigations se basent sur des plaintes anonymes. Les enquêteurs examineront ces documents pour s'en servir après lors des interrogatoires. Les analystes soulignent que cette activité pourrait reporter considérablement la réconciliation entre les autorités actuelles et les Frères musulmans. Qui plus est, cette dernière pourrait être tout à fait impossible : les nouveaux créanciers de l'Egypte - l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït - ont promis au Caire 12 milliards de dollars et financent ainsi indirectement le renversement des Frères musulmans.

"Ils commettent des crimes et en font porter la responsabilité à leurs rivaux. Mais il y aura certainement des preuves et les juges seront contents - car ils contrôlent le pouvoir judiciaire et la police criminelle", remarque Gehad al-Haddad, porte-parole du mouvement islamiste. Il a promis que ses partisans resteraient dans les rues jusqu'à ce que "le président soit libéré et rétabli indépendamment de sa condition physique".

Morsi a été interpellé pendant la nuit du coup d'Etat dans la caserne de l'armée républicaine qui était, selon lui, plus sécurisée. On ne sait pas où il est détenu actuellement.

Les Frères musulmans et leurs partisans sont dans les rues depuis 10 juin - le début du ramadan - et affirment être en mesure de récupérer le pouvoir d'ici la fin du mois sacré. "Nous avons devant nous trois vendredis qui devraient être un tournant", a déclaré l'un des leaders islamistes Mohamed Baltagi. Le mouvement montre qu'il peut organiser des manifestations coordonnées réunissant ses partisans dans les villes majeures mais aussi en province. L'un des leaders islamistes Essam el Erian - un mandat d'arrêt a déjà été lancé contre lui - a appelé ses soutiens sur Facebook à organiser une "Marche des millions" ce lundi: "L'Egypte prend toutes ses décisions par les urnes, les contestations, les marches massives et les sit-in pacifiques".

Samedi, les partisans de Morsi sont aussi descendus dans la rue en Tunisie. La manifestation, sous les slogans "A bas le pouvoir militaire !" et "Le peuple veut Morsi !" a été organisée par le parti islamiste Ennahda, jadis interdit dans le pays. Le Caire a également été le théâtre de protestations des opposants au président déchu. Ces derniers craignent de perdre le pouvoir récemment conquis.

"Al-Sissi a suivi la volonté du peuple", ont indiqué à l'Observer les opposants de Morsi. Les activistes de Tahrir-2011, qui avaient renversé Hosni Moubarak, sont sûrs que Morsi est un dictateur qui n'a pas fait avancer l'Egypte vers plus de démocratie. Les évènements actuels sont donc de nouveaux pas vers la démocratie. Les militants des droits de l'homme ne sont pourtant pas du tout contents des réalités du terrain : "Le passage d'un fascisme religieux à un fascisme militaire ne doit pas être salué".

De nombreux Egyptiens s'inquiètent du fait que le pouvoir se trouve entre les mains de gens nommés et soutenus par l'armée alors que le mouvement Tamarrud reste au second plan, bien qu'il ait organisé des manifestations de millions d'opposants à Mohamed Morsi. Le Front du salut national, qui réunit les révolutionnaires de janvier 2011, est également perplexe face à cette situation: le peuple perd encore une fois le pouvoir pour lequel il s'est battu.

Le mécanisme répressif d'Etat fonctionne de la même manière que sous Moubarak. Le premier ministre par intérim Hazem el-Beblawi s'occupe de la formation du gouvernement et promet d'annoncer les noms de ses membres mardi ou mercredi. Cela pourra à peine stabiliser la situation.

[Source: Ria Novosti, Moscou, 15juil13]

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Crisis in Egypt
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