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26déc18


Tripoli sombre dans l’insécurité


On compte six morts, dont trois assaillants, à Tripoli, suite à l’attaque, hier matin, du ministère libyen des Affaires étrangères et de la Coopération internationale (MAECI) par un groupe armé. La situation sécuritaire est loin d’être maîtrisée en Libye, notamment à Tripoli.

L’attaque terroriste d’hier ayant visé le MAE du gouvernement de réconciliation nationale en plein centre de Tripoli montre à quel point la situation sécuritaire reste précaire. L’un des quatre assaillants a pu dépasser la portière principale contrôlée par des gardes pourtant armés, traverser le parking, entrer dans le bâtiment central, tuer des employés et se faire exploser, entraînant un incendie important du bâtiment. Les informations en provenance de Tripoli font état de deux autres assaillants abattus, alors qu’un 4e a pris la fuite.

Une attaque qui en dit long sur l’état des lieux en matière sécuritaire, ainsi que l’évolution de la transition et le travail requis pour préparer des élections. Un communiqué du MAECI libyen, publié hier en début d’après-midi, a constaté que «les forces sécuritaires ont traité les assaillants avec un grand professionnalisme, ce qui a limité le nombre de victimes et permis la reprise du contrôle de la situation en un temps record».

Des propos qui ont déplu à l’ex-membre du Conseil national de transition, Othmane Belhani, qui déplore «le manque de professionnalisme des forces sécuritaires à Tripoli, sept ans après la chute d’El Gueddafi». Belhani s’en prend fermement au gouvernement Al Sarraj qui «n’a rien fait pour monter des forces régulières disciplinées, soit dans la police ou la garde nationale et les forces spéciales, qui pourraient prendre en charge la protection des institutions de l’Etat, les missions diplomatiques et la sécurité de la ville en général».

Normes sécuritaires

Il est à souligner que l’anarchie sécuritaire est arrivée à un point tel que pas plus loin que le 3 décembre courant, des milices ont investi les locaux de la présidence du gouvernement. Le ministre de l’Intérieur, Fathi Bach Agha, n’a pas trouvé de forces régulières pour les contrer. Le journaliste tripolitain Taha Krewi affirme que «la ville de Tripoli est dominée par des groupes armés, portant juste des appellations de divisions officielles». Cette situation influe lourdement sur les perspectives de la transition politique, selon les observateurs.

Les Libyens reprochent à la communauté internationale la stérilité de son intervention et se posent des questions sur l’efficacité de l’envoyé spécial de l’ONU. En effet, depuis le 2 mai 2017 et la première rencontre entre Al Sarraj et Haftar à Abu Dhabi, la promesse est lancée de tenir des élections parlementaires et présidentielle en Libye. Toutefois, les rencontres se sont multipliées entre les deux hommes : Paris, Berlin, Palerme, sans parler de l’informel et des tractations. Pourtant, les élections sont encore au stade de promesses et rien de concret n’a été réalisé, notamment sur le plan sécuritaire.

Interrogations

Le politologue libyen Ezzeddine Aguil n’a cessé de rappeler que «la tenue des élections, ce n’est pas uniquement une décision politique, c’est aussi toute une logistique et, surtout, la garantie que le déroulement se passe dans le respect des normes de la démocratie et de la transparence». Aguil insiste sur le fait que les résultats doivent être respectés et reconnus par tous les belligérants, soulignant que la guerre civile en Libye, déclenchée l’été 2014, est en grande partie un rejet des résultats des élections législatives du 25 juin 2014.

«Pour cela, il faut bien que les forces militaires soient du côté de la légalité. Or, ceci n’est pas encore le cas en Libye, puisque le gouvernement ne dispose pas de ses propres forces régulières», conclut-il. L’envoyé spécial de l’ONU, le Libanais Salamé, paraît certes optimiste et table sur la conférence nationale unificatrice pour lever tous les obstacles. Mais l’idée de cette conférence a été lancée depuis septembre dernier et elle n’a pas encore vu le jour.

La délégation de l’ONU n’est même pas parvenue à délimiter les participants, parce que Salamé s’efforce d’arracher des réconciliations forcées, qui ne s’adaptent pas, semble-t-il, aux réalités sur le terrain. Ensuite, la conférence de Palerme a montré qu’il n’y a pas de solution en Libye sans l’aval de Haftar. Or, ce dernier n’est pas très chaud pour cette conférence. La crise nécessite, semble-t-il, d’autres tractations prenant en considération les réalités libyennes. Les pays du voisinage, notamment l’Algérie et la Tunisie, sont les mieux placés pour les encadrer.

[Source: Par Mourad Sellami, El Watan, Alger, 26déc18]

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