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19jan13


La décision prise dès mercredi par le conseil national de sécurité


Les douze premières heures de la prise d'otages d'In Amenas ont été les plus longues et les plus difficiles à vivre par les autorités algériennes, notamment les forces de sécurité. Les premières informations fournies par les rescapés du bus transportant les étrangers vers l'aéroport d'In Amenas, vers 5h30 mercredi dernier, faisaient état «d'un commando d'enturbannés, puissamment armé, à bord de plusieurs pik-up, qui voulait s'en prendre aux étrangers à bord. Ayant échoué, les assaillants se sont éloignés et tout le monde pensait qu'ils avaient rebroussé chemin. Mais cela n'a pas été le cas. Ils se sont tout simplement dirigés vers la base-vie située à quelques centaines de mètres. La première riposte a été celle des agents de sécurité qui ont réussi à retarder l'assaut des premiers chalets se trouvant à l'entrée de la base-vie. Entre-temps, les unités de l'ANP et de la Gendarmerie nationale sont arrivées sur les lieux et ont bouclé toute la zone», explique une source bien informée.

A ce moment précis, aucune information sur l'identité, le nombre et les moyens du groupe n'est connue. «Etant donné l'immensité de la base, qui peut contenir plus de 600 travailleurs, et le nombre important de chalets, il était impossible pour les terroristes de contrôler tout le site. Ils avaient pris en otage les premiers chalets se trouvant à l'entrée et les autres otages étaient bloqués vers l'arrière, ne savant même pas ce qui se passait à l'entrée du site. Ils ont préféré ne pas bouger de leur place. Mais au fil du temps, quelques contacts ont pu être arrangés avec les terroristes, qui étaient intransigeants. Ils voulaient tout simplement quitter les lieux avec les otages qu'ils détenaient, environ une cinquantaine, dont une vingtaine d'étrangers, parmi lesquels des Américains et des Britanniques», explique notre source.

L'information fait le tour du monde. Les gouvernements concernés par cette attaque multiplient les contacts avec leurs homologues algériens pour tenter d'avoir le plus d'informations. «Ils étaient informés à chaque fois qu'il était possible d'obtenir des détails. Il faut reconnaître que sur place, la situation était très complexe.

Le premier terroriste identifié est Bencheneb, qui a créé, il y a quelque temps, le Mouvement des enfants du Sahara, qui était à l'origine des événements d'Illizi et de Djanet, il y a quelques années. Tout le monde pensait que les preneurs d'otages étaient tous des Algériens. Mais par la suite, les témoignages des premiers groupes d'Algériens, qui ont réussi à s'enfuir, ont fait état de la présence parmi les terroristes de nombreuses personnes étrangères. Tous sont venus de la Libye. Ils n'étaient pas en Algérie, mais doivent avoir quelques complices internes que l'enquête révélera après. C'était en fin de matinée. Parallèlement, les gouvernements britannique et américain s'impatientaient. Ils faisaient pression pour qu'il n'y ait pas d'assaut. Ils voulaient temporiser. Les terroristes voulaient à tout prix quitter les lieux en emportant les otages. Ils tentent à deux reprises de forcer le cordon de sécurité. Ils ont été neutralisés et les premiers otages étrangers ont été libérés.» Pour notre interlocuteur, les forces de sécurité étaient dans une situation des plus délicates. Elles étaient face à un défi. «Faut-il attendre aussi longtemps, sachant que dans ce genre de situation le temps est en faveur des preneurs d'otages ou intervenir et libérer ces derniers ?

Les plus hauts responsables savaient qu'attendre c'est vivre le scénario de la prise d'otages de l'Airbus de Air France en 1994, ou alors celui des otages autrichiens et allemands enlevés à Djanet en 2003. Rappelez-vous ces épisodes. Le premier, c'est la France qui a exigé le départ de l'avion vers Marseille, sous prétexte que les forces de sécurité étaient incapables de libérer ses ressortissants, après de longues journées de négociations, qu'il s'agissait de son avion et de ses ressortissants. En 2003, ce sont les gouvernements allemand et autrichien qui avaient sommé les autorités algériennes de laisser El Para prendre les 16 otages au Mali, où le président malien a négocié la rançon payée par les autorités allemandes pour la libération de ses ressortissants. El Para est parti avec 40 terroristes qui, quelques années plus tard, ont dépassé un millier.»

Les autorités, ajoute notre source, ne voulaient plus la réédition de ces scénarios. «Lorsque la présence de plusieurs éléments étrangers a été confirmée, le conseil de sécurité s'est réuni et a décidé de passer à l'action. L'objectif des pressions subies par l'Algérie est d'amener des forces étrangères, notamment américaines, dont les responsables ont proposé leur aide, à intervenir et de ce fait entraîner l'Algérie dans une situation de chaos, sachant le sentiment anti-étranger qui anime une bonne partie de la population algérienne. Il fallait coûte que coûte que les forces de l'ANP créent la surprise en passant à l'action, d'autant que des éléments avaient réussi à créer des brèches à l'intérieur du site. La situation est loin d'être terminée. Les forces de l'ANP agissent selon l'évolution des terroristes dont les réactions sont imprévisibles. Le plus grand nombre d'otages a été libéré, et plusieurs terroristes ont été tués. Parmi eux, de nombreux étrangers.

Nous sommes dans une seconde étape. Celle d'éliminer les plus irréductibles. Ils possèdent des explosifs, de l'armement lourd et des techniques de guérilla assez modernes. Le risque c'est que ces derniers puissent faire exploser les unités de production. Pour l'instant, tout a été pris en charge pour éviter un tel scénario», déclare notre source, en concluant : «Cette opération n'est pas une attaque terroriste quelconque. Elle cache des intérêts géostratégiques entre puissances, au centre desquels c'est l'intégrité territoriale qui est visée. Nous sommes dans l'œil du cyclone, il faut que tout le monde le sache et en prenne conscience.»

[Source: Par Salima Tlemçani, El Watan, Alger, 19jan13]

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