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10fév13


Contre-attaque surprise des djihadistes à Gao


Le centre de Gao est de nouveau en proie à la guerre. Surgis d'on ne sait où, des combattants islamistes ont lancé dimanche un assaut coordonné en plusieurs points de cette ville importante du Nord, notamment sur la place centrale et contre un commissariat. Des tirs nourris d'armes automatiques ont été échangés pendant plusieurs heures entre les assaillants et l'armée malienne. «Des éléments du Mujao se sont infiltrés en ville et nous sommes en train de les déloger», a déclaré à l'AFP une source malienne de sécurité, en référence au Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest.

En fin d'après-midi, l'armée française, qui compte 900 hommes et d'importants moyens aériens sur place, a fait intervenir une colonne blindée pour exfiltrer une dizaine de journalistes coincés au milieu des combats sur la place de la Charia. La colonne a été prise à son tour sous les tirs et bloquée pendant de longues minutes. Il y aurait eu au moins deux blessés, dans les rangs maliens ou français.

«Les terroristes ont faim»

Prélude de cette riposte surprise des islamistes, deux attentats suicides avaient été perpétrés en moins de 48 heures en périphérie de la ville. Des attaques d'abord perçues comme l'amorce d'une nouvelle stratégie de harcèlement par les djihadistes chassés de Gao le 26 janvier dernier.

Dimanche matin, une colonne de blindés français avait «sécurisé» la zone des attentats. Les marsouins de la 1re compagnie du 2e Rima estimaient avoir, en jargon militaire, «dépollué» les lieux. De leur côté, les forces maliennes avaient dressé des barrages dans le centre-ville. «Un terroriste a sauté un muret et s'est précipité vers les soldats en criant "Allaho Akhbar", racontait un officier malien sur place. Ces gens cherchent à s'infiltrer, mais ils n'y parviennent pas.»

À la lumière des événements qui ont suivi, on peut se demander si les anciens «propriétaires» de la ville n'ont pas simplement fait diversion avec ces attentats suicides, en profitant pour s'infiltrer dans la ville avant de lancer leur assaut. «Les terroristes tentent d'entrer dans Gao car ils n'ont plus rien à manger quatre semaines après leur départ. Ils ont faim», croyait savoir dimanche un habitant.

Chaque jour et chaque nuit, la ville est survolée par les Mirage 2000. L'aéroport accueille sur son tarmac des hélicoptères de combat - des Puma, des Alouette et des Tigre. Gao est la plaque tournante des frappes françaises dans le Nord, où sont retranchés certains éléments du Mujao, d'Ansar Dine et d'Aqmi. Avant l'attaque, des voyageurs affirmaient avoir croisé des combattants entre Tombouctou et Gao, et jusqu'aux portes de Gao. «Il y a des poches résiduelles, près de Bourem notamment. Notre mission à venir est complexe car il va falloir rayonner autour de nos bases. Cette fois on est entré dans le dur», expliquait dimanche un officier français.

Les membres du Mujao avaient, depuis le début de l'opération «Serval», choisi la stratégie de l'évitement. C'en est fini, à l'évidence. Une nouvelle phase de la guerre pourrait s'amorcer, où les forces franco-maliennes n'auraient plus toujours l'initiative. En témoignent les restes du kamikaze, qui reposent en vrac sur une brouette, devant un petit pont protégé par des grands sacs de sucre et des branchages.

[Source: Par Thierry Oberlé, Le Figaro, Paris, 10fév13]

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