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11sep14


Pékin et Moscou réservés face à la stratégie américaine contre l'Etat islamique


«Nous traquerons les terroristes qui menacent notre pays, où qu'ils soient (…) nous n'hésiterons pas à agir contre l'Etat islamique en Syrie, comme en Irak» a affirmé le président américain lors de son discours télevisé mercredi soir, rompant ainsi avec trois ans d'opposition à toute intervention en Syrie.

Moscou a réagi a mi-journée à la décision américaine. Le ministre des affaires étrangères a affirmé que des attaques aériennes contre les djihadistes en Syrie ou en Irak sans un mandat de l'ONU serait considéré comme «une agression».

Pékin a de son côté répondu prudemment au discours de Barack Obama. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères a ainsi déclaré que la «Chine s'oppose fermement à toutes les formes de terrorisme» mais a souligné qu' «en même temps, le droit international doit être respecté». «La souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale doivent être respectées aussi», a-t-elle ajouté. La Chine et la Russie bloquent depuis trois ans par leur véto toute intervention en Syrie à l'ONU.

Quant à l'Iran, proche de la Russie sur les sujets internationaux, le pays a exprimé jeudi matin ses doutes sur le «sérieux et la sincérité» de la coalition que les Etats-Unis souhaitent construire. Il y a quelques jours la Maison-Blanche avait exclu toute participation de l'Iran dans cette coalition. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Marzieh Afkham a accusé sans les nommer plusieurs pays de la coalition d'avoir «fourni un soutien financier» aux djihadistes en Irak et en Syrie, alors que «d'autres espèrent apporter des changements politiques en Irak et en Syrie pour leurs propres intérêts». L'Iran accuse notamment les pays du Golfe d'aider financièrement les djihadistes, alors que les Iraniens fournissent eux aides et conseils au gouvernement kurde irakien et au régime syrien de Bachar el-Assad.

Que faire de Bachar el-Assad?

La Coalition syrienne, branche modérée de l'opposition syrienne, a affirmé son soutien à Obama. Mais elle réaffirme la nécessité de soutenir les combattants démocratiques qui lutent contre le pouvoir alaouite. «Nous exhortons le Congrès des Etats-Unis à approuver au plus tôt les décisions du président et à autoriser la formation et l'équipement de l'Armée syrienne libre», a déclaré son chef de file Hadi al Bahra. Il rappelle qu'aucune alliance avec Bachar el-Assad ne saurait être envisagée, malgré l'ennemi commun que constitue l'Etat Islamique: «La Coalition syrienne (...) est prête et décidée à coopérer avec la communauté internationale, non seulement pour faire échec à l'Etat islamique, mais pour débarrasser le peuple syrien de la tyrannie du régime d'Assad.»

À Damas, le ministre syrien des Affaires étrangères a quant à lui prévenu les Etats-Unis qu'ils devraient se coordonner avec le gouvernement syrien avant de lancer une attaque aérienne sur son territoire. «Sinon, cela sera considéré comme une agression» a-t-il déclaré.

En France, à la mi-journée le gouvernement n'avait pas encore réagi aux déclarations du président américain. Laurent Fabius avait déclaré mercredi dans un discours à Sciences-po que la France participerait «si nécessaire à une action militaire aérienne en Irak» mais qu'elle n'interviendrait pas «selon les mêmes modalités» en Syrie. Suite à la décision de Barack Obama de frapper aussi l'Etat islamique en Syrie, la France suivra-t-elle?

«Allez-y carrément ou n'y allez pas»

Le discours à la fois ferme et flou d'Obama a provoqué des réactions mitigés dans le camp de l'opposition républicaine, alors que près de 83% des électeurs du Grand Old Party sont favorables à une intervention contre les djihadistes, d'après un sondage du Washington Post. «Nous devons donner au président l'autorité et l'argent dont il a besoin» a ainsi déclaré le sénateur Républicain Daniel Kinzinger. «C'est probablement le discours le plus pro-américain qu'il n'ait jamais prononcé», a salué Newt Gringrich, l'ancien candidat aux primaires républicaines de 2011.

Partisans d'une ligne dure contre l'Etat islamique, les républicains sont plus circonspects quant aux moyens utilisés et méfiants au sujet du calendrier flou du président. Ils reprochent au président d'intervenir trop tard et de ne pas en faire assez. Sarah Palin, gouverneur de l'Alaska connue pour ses positions tranchées a posté un message sur son mur Facebook dans la matinée: «War is hell. So go big or go home, Mr President» («La guerre, c'est l'enfer. Donc allez-y carrément ou n'y allez pas, M. le Président») ajoutant que pour l'instant, le président n'a qu'une coalition de neuf pays, tandis que le président Bush avait 40 alliés dans sa coalition internationale en Irak. «Ce plan sera insuffisant pour détruire l'état islamique», a déclaré pour sa part John Mc Cain. Le groupe républicain se réunissait jeudi matin pour établir la marche à suivre au Congrès.

[Source: Le Figaro, Paris, 11sep14]

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