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16avr18


En plein direct, Emmanuel Macron donne le coup de grâce au droit international!


Entre renversement de la charge de la preuve, frappes sur de simples présomptions, caducité des enquêtes internationales, violation de la souveraineté d'un État et contournement de l'Onu, Emmanuel Macron a démontré par ses actes et par ses mots que le peu de cas qu'il fait du droit international.

Le 15 avril au soir, Emmanuel Macron s'est adonné à un exercice de communication en direct sur BFM-TV et Mediapart afin de tenter de calmer les crises sociales et de s'expliquer sur la participation française aux frappes anglo-saxonnes contre la Syrie de la veille. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la justification a de quoi faire frémir quiconque est attaché aux normes régissant les relations internationales, tout en créant un précédent honteux pour la place de la France dans le concert des nations.

Pour commencer, Emmanuel Macron a abordé les frappes en Syrie, réaffirmant qu'elles étaient «légitimes». Non, monsieur le Président, elles ne sont ni légitimes ni légales.

Elles pourraient revêtir un caractère légitime si les enquêteurs de l'OIAC, arrivés sur place les 13 et 14 avril prouvaient qu'une attaque chimique avait bien eu lieu et que celle-ci avait été l'œuvre de l'armée de Bachar el-Assad. Mais il n'en est rien et pire encore, la décision de bombarder Damas a été prise avant même leur arrivée, tout en rejetant la veille des frappes une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu présentée par la Russie, demandant l'envoi immédiat d'une équipe d'enquêteurs de l'OIAC sur place, sous protection russe, afin que ceux-ci puissent faire leur travail.

Est-ce cela l'attachement de la France à la justice et au respect du droit? Bloquer une enquête et bombarder un État avant même que la moindre preuve tangible ne soit apportée? À croire qu'Emmanuel Macron n'a rien appris des erreurs et des mensonges anglo-saxons en 2003 à propos de l'Irak? Monsieur Chirac avait eu la grandeur de se distancier de ce conflit, nul doute qu'à sa place, l'actuel Président de la République y aurait foncé tête baissée.

M. Macron affirme que «des traces chimiques avaient été trouvées dans la zone de la Ghouta orientale». Mais qui l'affirme, qui les aurait retrouvées, quelle preuve a-t-il et pourquoi refuser de les livrer? Puisque ces preuves seraient en sa possession, qui l'empêche d'en faire part à l'OIAC afin de faciliter son travail? Le document rendu public par le service de communication des Armées se base sur une analyse d'images des réseaux sociaux et de témoignages de Casques blancs, dont on connaît la partialité. Aucun élément concret, et pour cause. À ce rythme-là, autant aller bombarder le moindre pays qui en dérange un autre sur de simples présomptions en affirmant que cela est légitime.

Le locataire de l'Élysée ose de plus soutenir que «nous avons simplement œuvré pour que le droit international et pour que les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU ne soient pas lettre morte». Donc, selon sa logique, il protège le droit international… en le violant.

Cela relève du génie!

Selon la Charte de l'Onu qu'il déclare avoir à cœur, les deux seuls moyens légaux de recours à la force dans les relations internationales sont soit à la demande du gouvernement du pays dans lequel l'intervention a lieu, ce qui n'est pas le cas, soit sur résolution du Conseil de sécurité de l'Onu, ce qui n'est pas le cas non plus. Alors quel droit défend-il? Celui que l'Occident se réserve depuis 1999 et la guerre en Yougoslavie, qui consiste à aller bombarder illégalement tous ceux qui le dérangent?

[Source: Sputnik News, Moscou, 16avr18]

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War in Syria
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