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15juil15

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Observations du gouvernement syrien sur le 16e rapport du Secrétaire général sur l'application des résolutions par toutes les parties au conflit syrien


Nations Unies
Conseil de sécurité

S/2015/488

Distr. générale
15 juillet 2015
Français
Original : arabe

Lettres identiques datées du 28 juin 2015, adressées au Secrétaire général et au Président du Conseil de sécurité par le Représentant permanent de la République arabe syrienne auprès de l'Organisation des Nations Unies

D'ordre de mon gouvernement, je souhaite vous faire part des observations qu'inspire à la République arabe syrienne le seizième rapport du Secrétaire général sur l'application des résolutions 2139 (2014), 2165 (2014) et 2191 (2014) du Conseil de sécurité (S/2015/468).

Le Gouvernement syrien tient tout d'abord à rappeler les observations détaillées qu'il avait formulées à l'intention du Secrétaire général et du Président du Conseil de sécurité dans des lettres identiques adressées comme suite aux rapports du Secrétaire général sur l'application des résolutions 2139 (2014), 2165 (2014) et 2191 (2014) du Conseil, et à souligner tout particulièrement les points suivants :

1. Le Gouvernement syrien conteste l'exactitude de bon nombre d'informations et de chiffres avancés dans le présent rapport, son annexe et les précédents, qui ont été gonflés par certaines parties au Secrétariat pour faire croire au grand succès de « l'aide acheminée à travers les frontières », l'objectif étant d'induire en erreur le Conseil de sécurité et les États Membres et de leur dissimuler la réalité, pour défendre des intérêts particuliers, alors que les faits sur le terrain démontrent le contraire, comme l'attestent avec force les chiffres. D'après le rapport du Secrétaire général qui couvre la période du 1er mars au 31 mai, deux fois plus longue que celle normalement couverte par le rapport, conformément à la résolution 2191 (2014) du Conseil de sécurité, l'ONU affirme avoir acheminé une aide à quelque 1,8 million de bénéficiaires, dont certains à plusieurs d'une reprise. Or ce chiffre ne cadre aucunement avec le pourcentage de personnes auxquelles l'ONU a fourni une assistance en territoire syrien, avec l'aide des autorités : 3 685 876 civils ont reçu une aide en mars, quelque 3,5 millions en avril et 3 163 800 en mai, soit un total de 10 349 676 bénéficiaires et environ 80 % du total de l'aide allouée à la Syrie. Ces chiffres constituent la meilleure preuve de l'inefficacité de l'aide acheminée à travers les frontières, dans les zones contrôlées par des organisations terroristes armées, qui changent de nom au gré des saisons, au premier rang desquelles le Front el-Nosra, entité inscrite sur la Liste relative aux sanctions tenue par le Conseil de sécurité. L'ONU n'est hélas pas en mesure de vérifier si l'aide acheminée à travers les frontières parvient bien aux civils qui en ont besoin, alors qu'ils sont assiégés par des groupes terroristes armés que les auteurs du rapport s'obstinent à qualifier de « groupes terroristes non étatiques » pour justifier leur présence, tandis qu'ils réquisitionnent l'aide et la distribuent à leurs membres et alliés.

2. L'affirmation selon laquelle l'ONU fait preuve de transparence pour ce qui est d'informer le Gouvernement syrien de la quantité et du nombre de bénéficiaires de l'aide acheminée à travers les frontières ainsi que des secteurs concernés est totalement erronée. Par exemple, d'après les notifications à l'ONU, une aide a été acheminée de Ramta à la ville d'Ezraa (province de Deraa) et de Bab el -Haoua à Haffé, Mouhradé et Souqeilibiyé; mais d'après les confirmations que nous avons reçues par la suite, elle n'était parvenue à aucune de ces villes et avait été acheminée ailleurs. Cela signifie que l'ONU ne sait pas exactement où l'aide est acheminée. On pourrait en dire autant des autres secteurs où une aide est soi-disant acheminée à travers les frontières. Nous soulignons une fois de plus que le mécanisme de surveillance des Nations Unies ne lui permet pas de vérifier à ce jour qu'une aide a été effectivement acheminée aux civils touchés dans les zones contrôlées par des membres d'organisations terroristes comme le Front el-Nosra, Daech et les groupes qui lui sont affiliés ou encore à Al -Qaida.

3. Il est donc consternant que l'ONU augmente le volume de l'aide acheminée à travers les frontières au détriment de celle transportée en territoire syrien aux personnes qui en ont réellement besoin. Cela ne fait qu'aggraver les risques en raison des problèmes susmentionnés et dénote l'incapacité des mécanismes des Nations Unies de déterminer si l'aide, après avoir franchi les points de passage, parvient bien aux civils qui en ont besoin dans les zones touchées.

4. Le Gouvernement syrien dénonce les tentatives des auteurs du rapport de faire croire qu'en raison des conditions de sécurité, l'ONU peut acheminer une assistance à travers les points de passage de Ramta, Bab el-Haoua et Bab el-Salam, où sont déployés des groupes terroristes armés appartenant en majorité au Front el-Nosra, inscrit sur la Liste des sanctions contre Al-Qaida tenue par le Conseil de sécurité, tout en affirmant dans le même temps que l'Organisation ne peut pas le faire par le point de passage de Yaaroubiyé, alors que les conditions de sécurité y sont comparables et que Daech, autre groupe inscrit sur la Liste, y maintient une présence du côté syrien. Le lecteur est en droit de se demander si l'objectif est de blanchir un groupe terroriste, comme le Front el-Nosra, aux dépens d'un autre. Le Gouvernement syrien, qui connaît la réponse à cette question, se demande si c'est le cas des membres du Conseil.

5. Le 17 juin 2015, le Gouvernement syrien a approuvé nombre de nouvelles requêtes, y compris quelques-unes soumises par l'ONU, en vue de l'acheminement de convois d'aide humanitaire conjoints vers des points névralgiques à Moudamiyé et Madaya (province de Rif -Damas); Houla et Teir Maalé (province d'Homs); et Harbnafsé, Mouhradé, Souqeilibiyé, Salamiya et Saboura (province d'Hama), alors que l'ONU n'avait précédemment pas donné suite aux autorisations qui lui avait été accordées le 9 avril 2015 en vue de l'acheminement de tels convois dans des zones sensibles dont Irbin et Zamalka (Rif -Damas), Noubl, Zahra, Afrin, Safira et la ville d'Alep (province d'Alep).

6. Il faut savoir qu'en avril, en mai et en juin, le Gouvernement syrien a accordé des facilités à l'ONU et au Comité international de la Croix-Rouge en vue de l'acheminement d'une aide humanitaire, y compris médicale, à nombre de secteurs qualifiés de sensibles ou de difficiles d'accès, y compris les localités suivantes : Yalda, Babila, Beit Saham, Moudamiyé, Douma et Bloudan (province de Rif-Damas); Rastan, Kfar Nan, Akrad el-Dasiniya, Dara el-Kabira, Waer, Talbissé, Moukharram et Mechréfé (province d'Homs); Ouroum el-Koubra, Kfar Hamra et Maarrat el-Artiq (province d'Alep); Ezraa (province de Deraa); Ariha et Jisr el -Choughour (province d'Edleb); et par voie aérienne dans la ville de Deir el -Zor.

7. Le Gouvernement syrien souligne une fois de plus que le terrorisme ne peut pas être bon ou mauvais et qu'il n'en existe que d'une sorte, qui constitue un fléau absolu, entraîne la mort d'innocents et porte atteinte à la paix et la sécurité, non seulement de la Syrie, mais de la région et du monde entier, y compris de tous les États qui soutiennent, parrainent et hébergent des organisations, groupes et entités terroristes, ce qui est actuellement le cas, comme en témoignent les crimes terroristes et les meurtres à caractère raciste commis dans des pays du monde entier.

8. Le Gouvernement syrien réfute les tentatives faites par les auteurs du rapport de minimiser l'importance des succès remportés sur le plan humanitaire en Syrie, grâce à la coordination et à la coopération dont il a fait montre. Il s'étonne que l'Organisation soit la seule à s'en voir attribuer le mérite, y compris l'acheminement de l'aide dans des points névralgiques. Il rappelle, n'en déplaise à certains, que cette aide n'aurait pas pu être acheminée avec succès aux civils syriens et à d'autres individus touchés par la crise sur le territoire syrien, sans l'assistance qu'il a accordée et la vaste coopération dont il a fait montre, à travers ses ministères et ses organismes, avec l'ONU et les autres organisations internationales, en vue de faciliter l'action humanitaire.

9. Le Gouvernement syrien dénonce également la tentative des auteurs du rapport, au paragraphe 50, de faire croire que des secteurs comme Noubl et Zahra (province d'Alep), qui sont assiégés par des groupes terroristes armés, n'ont pas besoin d'une aide humanitaire, du fait que des marchandises y circulent. On peut s'interroger sur les motivations des auteurs et se demander s'ils cherchent à redorer le blason de certains groupes terroristes. Dans le même temps, l'ONU insiste sur l'acheminement d'une aide à d'autres secteurs qu'elle qualifie d'enclaves, comme la zone de Douma, sachant que des armes, du matériel, des munitions et des fonds y parviennent en abondance, de manière ininterrompue. Comment une zone « assiégée » pourrait-elle recevoir des armes et ne pas recevoir de marchandises ou de denrées alimentaires?

10. Le Gouvernement syrien regrette que l'ONU n'ait pas réagi aux demandes d'aide alimentaire supplémentaire aux personnes touchées par la crise durant le ramadan, mois durant lequel, comme chacun le sait, les besoins augmentent.

11. Le Gouvernement syrien rejette les tentatives persistantes faites par les auteurs du rapport de tourner son action en dérision, d'autant que les faits ont démontré le bien-fondé des mesures qu'il avait prises en toute connaissance de cause. Les auteurs ressassent des allégations infondées, tirées de sources tendancieuses qui, comme les événements l'ont maintes fois prouvé, se sont révélées peu crédibles. Malgré cela, ces mêmes parties à l'ONU cherchent à restaurer l'image d'organisations terroristes associées à Al-Qaida, comme le Front el-Nosra, et inventent de nouvelles expressions telles « groupes armés non étatiques », tentative à peine voilée de détourner l'attention des membres du Conseil de sécurité et de la communauté internationale des crimes commis par cette organisation et par des groupes qui lui sont affiliés contre des civils innocents, depuis plusieurs années que dure la crise. Cette façon d'agir établit un précédent dangereux, légitime la violation du droit international à maints égards et incite les États à discréditer le droit international et les résolutions internationales, notamment lorsque ce précédent émane de l'ONU et de son Secrétariat, qui ne tient pas compte des résolutions relatives à la lutte contre le terrorisme adoptées par le Conseil et de leur caractère contraignant pour l'Organisation et les États Membres.

12. La Syrie, membre fondateur de l'ONU, rappelle son attachement à cette organisation intergouvernementale investie d'une noble mission, à savoir le maintien de la sécurité, de l'unité et de l'indépendance des États et le renforcement de la sécurité et de la paix internationales. Le Gouvernement syrien juge par conséquent répréhensible que le Secrétariat se laisse entraîner dans la crise de façon à en devenir partie. Bien que plus d'une année se soit écoulée depuis l'établissement, par le Secrétaire général, de rapports mensuels relatifs à l'application des résolutions du Conseil de sécurité sur la situation humanitaire en Syrie, leurs auteurs continuent de décrire les choses de manière erronée et ne jettent aucune lumière sur la cause principale des épreuves subies par le peuple syrien depuis plus de quatre ans, à savoir le terrorisme, qui est claire comme cristal de roche. Cette démarche ne s'explique que dans le cadre d'une action visant à servir les intérêts particuliers de certains États, comme l'ont reconnu maintes fois leurs hauts responsables, notamment au sein des régimes turc, saoudien, qatarien, français, britannique et américain, qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour discréditer la Syrie, porter atteinte à sa souveraineté et amoindrir son rôle sur les plans régional et international.

13. Les auteurs du rapport n'ont de cesse de minimiser les retombées négatives de ce nouveau type de terrorisme sans précédent qui s'attaque aux Syriens au quotidien, depuis les engins qui explosent dans des lieux résidentiels densément peuplés, comme cela a été le cas il y quelques jours dans la ville d'Homs, jusqu'aux attaques de missiles contre des quartiers sûrs, qui entraînent une effusion de sang et font des morts et des blessés parmi des civils innocents se trouvant chez eux, dans leurs écoles, leurs lieux de travail ou dans des marchés publics. Les attaques les plus récentes contre des quartiers résidentiels dans les villes de Damas et d'Alep sont l'œuvre de terroristes que les États parrainant le terrorisme qualifient d'« opposition armée modérée » alors qu'elles ont fait en quelques jours des centaines de morts et de blessés parmi les enfants, les femmes et les personnes âgées.

14. La Syrie déplore également le fait que les fonctionnaires du Secrétariat s'obstinent à inclure dans le rapport des termes haïssables qui traduisent un extrémisme et un fanatisme aveugles, l'objectif étant de dénaturer la réalité de ce qui se passe en Syrie, à savoir une guerre contre le terrorisme et les groupes terroristes armés et non pas une guerre sectaire ou confessionnelle. Cette lecture est contraire aux faits survenus sur le terrain ainsi qu'aux valeurs et à la culture séculaires du peuple syrien et prouve que les auteurs du rapport reprennent à son compte les prétextes invoqués par les groupes terroristes, ce qui dénote leur aridité intellectuelle et politique.

15. Le Gouvernement syrien tient à appeler l'attention sur les inexactitudes figurant au paragraphe 42 du rapport, s'agissant de la délivrance de visas et de permis de résidence au personnel et aux missions de l'ONU, qui passe sous silence le fait que les autorités sont pleinement disposées à donner suite aux diverses demandes formulées par l'ONU. Nous précisons à cet égard que les demandes de visa pour lesquelles le délai de 15 jours ouvrables prévu pour le traitement des demandes s'était écoulé est de 18 et non de 42, et que nous avons donné suite aux 43 autres demandes ou qu'elles sont en cours de traitement. Nous faisons également remarquer que les retards dans la délivrance sont imputables à l'ONU, qui avait fourni des informations incomplètes dans les demandes de visa, ou exigé des changements de dernière heure dans leur lieu de délivrance.

16. Le rapport ne mentionne qu'en passant les crimes terroristes qui se sont déroulés dans des villes et villages et les massacres barbares commis contre des femmes, des enfants et des personnes âgées dans les zones qui sont la cible d'attaques de la part de groupes terroristes armés, dont la plus récente a été perpétrée dans le village de Qalb Laouza (province d'Edleb), où le Front el-Nosra a tué des dizaines de civils, des femmes et des enfants pour la plupart. Il est indiqué dans le rapport que le Front el-Nosra s'est hâté de condamner les crimes qu'il avait lui-même commis, ce qui est une insulte à l'intelligence du lecteur. Précédemment, le Front el-Nosra et d'autres entités que le rapport qualifie de « groupes armés non étatiques » avaient commis des crimes semblables à Alep dans le nord, à Bosra el-Cham dans le sud, à Ichtabraq (province d'Edleb), Mabouja (province d'Hama), Palmyre (province d'Homs), Adra el-Oummaliyé et Maaloula (Rif-Damas), Aïn el-Arab (province d'Hassaké) et d'autres villes et localités syriennes.

17. Le Gouvernement syrien souligne une fois de plus que ces crimes terroristes méprisables contre l'humanité sont commis du fait que l'Arabie saoudite, le Qatar, Israël, la Jordanie et la Turquie continuent de fournir un soutien, des armes et du matériel, des fonds, un sanctuaire, des soins médicaux et un entraînement à des groupes terroristes armés. Les crimes les plus récents ont été perpétrés par des terroristes de Daech qui se sont infiltrés en territoire syrien par la Turquie et ont tué des dizaines de personnes à Aïn el-Arab (Kobané), en violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité, tout particulièrement de celles liées à la lutte contre le terrorisme. Le Gouvernement syrien répète depuis des années que pour enrayer le terrorisme mené actuellement contre le peuple et l'État syriens, il faut coopérer avec ce dernier et prendre des mesures dissuasives contre les pays qui encouragent le terrorisme, incitent à des actes de terrorisme, arment, financent, entraînent les terroristes et facilitent ouvertement leur infiltration en territoire syrien, seule démarche capable de résoudre véritablement la crise humanitaire en Syrie.

18. Le Gouvernement syrien regrette que les rapports du Secrétaire général, y compris le présent rapport, traitent la question des déplacés de manière parcellaire et subjective et masquent la vérité, à savoir que ce qui se passe est exclusivement le fait de groupes terroristes comme Daech, le Front el -Nosra, l'Armée de la conquête (autre nom du Front el -Nosra) et autres, affiliés à Al-Qaida, ainsi que l'Armée libre, l'Armée de l'islam, le Front islamique, le Front du Levant et d'autres organisations qui leur sont associées ou affiliées. Ces groupes, avec le soutien de la Turquie, du Qatar, de l'Arabie saoudite, d'Israël et de la Jordanie, attaquent des villes et villages syriens, qu'ils occupent et dont ils expulsent les habitants, ce qui entraîne une crise humanitaire. Le Gouvernement syrien rappelle que le terrorisme importé sur son territoire, avec la présence de ressortissants de plus d'une centaine d'États, n'aurait pas fait long feu si les puissances étrangères n'avaient pas hébergé des groupes terroristes et dissimulé leurs crimes de guerre contre des Syriens pacifiques, leurs biens et leurs ressources. Il regrette également que les rapports du Secrétaire général occultent la réalité simple selon laquelle le déplacement se fait toujours en direction des zones qui sont sous la protection de l'Armée arabe syrienne, fait bien connu des bureaux des organismes des Nations Unies actifs en Syrie, qui envoient des convois d'aide précisément dans ces secteurs. On trouvera dans la pièce jointe 1 la liste de certains des crimes commis par Daech, le Front el -Nosra, l'Armée libre, l'Armée de l'islam, l'Armée de la conquête et d'autres groupes terroristes armés.

19. Le Gouvernement syrien souligne qu'il continuera de délivrer des permis et d'accorder les facilités nécessaires à l'acheminement de l'aide dans toutes les régions, pour autant que les conditions soient suffisantes afin de garantir la sécurité des agents humanitaires, syriens et autres, qui relève de la responsabilité de l'État hôte. Il a facilité l'acheminement d'une aide à tous les civils syriens et à d'autres se trouvant dans la même situation, y compris dans les zones qualifiées de difficiles d'accès. Il convient de rappeler que des dizaines de milliers de paniers alimentaires ont été acheminés grâce aux efforts déployés par les autorités nationales dans des secteurs comme Moudamiyé, Damir, Tell et Qadam, dans les provinces de Damas et de Rif-Damas.

20. À ce propos, le Gouvernement syrien regrette que les auteurs du rapport n'aient pas évoqué l'aide qu'il a apportée à des milliers d'élèves d'écoles préparatoires et secondaires vivant dans des zones sensibles à Raqqa, Edleb et dans la Ghouta orientale, qui devaient présenter leurs examens. Il s'étonne que l'on ait minimisé la quantité de fournitures médicales livrées, comme aux paragraphes 56 et 57 du rapport, tout en constatant aux paragraphes 53, 54 et 55 que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait acheminé une aide médicale avec l'aval du Gouvernement syrien, en coordination avec le Croissant-Rouge arabe syrien, à un nombre considérable de bénéficiaires dans de nombreux secteurs, y compris dans des points névralgiques dans les provinces d'Alep, Deraa, Rif-Damas, Deir el-Zor et Hassaké.

21. En coopération avec l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche -Orient (UNRWA) et d'autres organisations palestiniennes et internationales, le Gouvernement syrien a continué d'intervenir d'urgence face au déplacement forcé des réfugiés palestiniens du camp de Yarmouk où se sont infiltrés en avril 2015 des terroristes de Daech, avec l'aide du Front el-Nosra. Son action a considérablement atténué la crise; il aidé des civils à quitter le camp et leur a fourni des lieux d'hébergement et une aide humanitaire. À la fin de mai, 2 550 familles avaient fui l'enfer créé par les gangs dans le camp. Le Gouvernement syrien a également aidé des élèves palestiniens à se rendre à leurs examens et à retourner dans le camp, munis de paniers alimentaires et de fournitures médicales.

22. Malgré la politisation du volet humanitaire, le Gouvernement syrien a salué l'important travail accompli par nombre d'organismes, fonds et programmes des Nations Unies, actifs en Syrie, et tient à réaffirmer simplement que ces activités n'auraient pas pu se dérouler sans les efforts qu'il a déployés, la coopération constructive dont il a fait montre et les facilités considérables qu'il a accordées. En mai, à la suite de cette coopération fructueuse, le Programme alimentaire mondial (PAM) a réussi à acheminer une aide en territoire syrien à environ 3,1 millions de bénéficiaires, malgré les problèmes auxquels les agents humanitaires font face, notamment l'insuffisance du financement du Plan d'intervention stratégique 2015, qui n'avait été financé à la mi -juin qu'à hauteur de 22 %, d'après le rapport.

23. À cet égard, le Gouvernement syrien souligne une fois encore qu'il se soucie au plus haut point du peuple syrien et des réfugiés palestiniens se trouvant en Syrie. Il a continué de fournir la majeure partie de l'aide humanitaire et des secours, notamment les produits de base et les fournitures médicales, aux civils touchés par la crise, sans distinction et indépendamment du lieu où ils habitent, et s'est acquitté de ses responsabilités alors que les infrastructures et les services publics sont délibérément et systématiquement visés par des groupes terroristes qui cherchent à priver les citoyens d'eau, d'électricité, de denrées alimentaires, de médicaments, d'éducation et d'autres éléments indispensables à une vie digne.

24. Dans un paradoxe qui confine à l'hypocrisie politique, des États soi-disant attachés à une intervention humanitaire persistent à envenimer la situation en Syrie et à imposer des mesures économiques unilatérales qui dégradant les conditions de vie du peuple soutenant son gouvernement légitime et se ralliant autour de lui. Il est regrettable que le rapport du Secrétaire général omette de mentionner les conséquences des mesures prises contre les habitants, qui violent la Charte des Nations Unies, les principes du droit international et les résolutions des Nations Unies.

25. Le Gouvernement syrien dénonce le silence observé par les fonctionnaires de l'ONU face à l'aide fournie par la Turquie et la Jordanie à des parties et à des organisations qui font passer des armes et des terroristes étrangers en Syrie en guise d'aide humanitaire, par les mêmes points de passage empruntés par l'ONU pour acheminer une aide humanitaire à travers les frontières, comme l'ont rapporté récemment les médias turcs qui ont diffusé des vidéocassettes et des enregistrements sonores à cet effet. L'approche adoptée par certains responsables de l'ONU va à l'encontre du cadre établi par la résolution 46/182 de l'Assemblée générale. Nous nous voyons contraints de rappeler que les organismes des Nations Unies sont tenus de respecter les principes fondamentaux régissant leurs activités, énoncés dans la résolution susmentionnée, notamment pour ce qui est de la souveraineté nationale, et d'éviter toute politisation.

26. Le Gouvernement syrien souligne une fois de plus qu'il continuera de coopérer avec l'ONU pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire à tous les civils qui ont été touchés par la crise, où qu'ils soient, sans distinction, conformément aux principes directeurs de l'Organisation des Nations Unies relatifs à l'aide humanitaire d'urgence, énoncés dans la résolution 46/182 de l'Assemblée générale, tout particulièrement la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale, principe souligné dans les résolutions 2139 (2014), 2165 (2014) et 2191 (2014) du Conseil de sécurité.

27. À cet égard, le Gouvernement syrien s'étonne de la position adoptée par les fonctionnaires des Nations Unies au paragraphe 5 de l'annexe au rapport, qui confère une légitimité aux violations des frontières nationales commises par des organisations non gouvernementales se trouvant illégalement dans le pays sous prétexte d'acheminer une aide et qui violent de manière flagrante les principes de l'action humanitaire et du droit international, en étant actives sur le territoire d'un État Membre de l'ONU, sans avoir obtenu l'aval de son gouvernement. Nous demandons à l'ONU de ne plus chercher à légitimer des activités illégales au regard du droit international. On trouvera dans la pièce jointe 2 des exemples de l'aide humanitaire acheminée grâce aux facilités fournies par le Gouvernement syrien à l'ONU et à d'autres organisations internationales en coopération avec le Croissant-Rouge arabe syrien, ainsi que des exemples de l'assistance fournie par ce dernier.

28. Le Gouvernement syrien, bien conscient des responsabilités que lui confère sa constitution, souligne qu'il prend toutes ces mesures pour protéger ses citoyens pacifiques face aux crimes commis par des groupes terroristes armés, financés, parrainés et entraînés à l'étranger, malgré les affirmations et allégations proférées par certains pour ternir sa réputation par tous les moyens possibles, y compris en dénaturant les faits et en recourant au terrorisme à cette fin. Dans la lutte qu'il mène aujourd'hui contre le terrorisme, le Gouvernement syrien se bat non seulement au nom de son peuple mais également au nom des peuples des États voisins et du monde entier, pour défendre les valeurs d'humanité, de justice, de liberté, de dignité et d'état de droit contre les fléaux de l'extrémisme, du terrorisme et du fanatisme aveugles et de l'idéologie obscurantiste destructrice.

29. Comme par le passé, la Syrie réaffirme une fois de plus son soutien à toute action internationale véritable visant à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, à condition que tout soit fait pour protéger la vie des civils, respecter la souveraineté de l'État, son intégrité territoriale, la légitimité de l'ONU et les instruments internationaux. La « guerre contre le terrorisme », orchestrée par certains États depuis près d'un an n'a permis d'atteindre aucun de ses objectifs déclarés. Au contraire, elle a aidé l'organisation terroriste Daech et les groupuscules qui lui sont inféodées ou associés à gagner du terrain et à se propager en toute liberté, non seulement en Syrie et en Iraq, mais également en Égypte, en Libye, au Yémen et récemment en Tunisie et au Koweït. La communauté internationale doit par conséquent résolument faire face aux États - notamment les régimes qatarien, turc, saoudien et jordanien - qui soutiennent et financent le terrorisme et les groupes terroristes armés, dont la haine se répand comme un feu de poudre dans la région et dans le monde. Ces régimes sont soutenus et encouragés par des États qui cherchent à signer des contrats militaires avec l'Arabie saoudite et le Qatar, en échange de leur silence au sujet du rôle joué par certains États, qui ravive le feu du terrorisme.

30. Le Gouvernement syrien rappelle une fois de plus que la crise dans le pays nécessite un règlement politique fondé sur un dialogue intersyrien et sous direction syrienne, libre de toute ingérence étrangère.

Je vous serais reconnaissant de bien vouloir faire distribuer le texte de la présente lettre et de comme document du Conseil de sécurité.

L'Ambassadeur,
Représentant permanent
(Signé) Bashar Ja'afari


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