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02oct03

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L'occupation paramilitaire d'un ancien hameau de « Nueva Esperanza » provoque des déplacements massifs d'afro descendants et métisses.


Vers dix heures ce matin, notre Commission « Justicia y Paz » a été informée par les habitants de « Nueva Esperanza » qui ont réussi à fuir du siège paramilitaire, d'une incursion armée de type paramilitaire, de l'occupation de l'ancien lieu de résidence et de l'interdiction de fuir aux habitants résidant sur les rives du fleuve Jiguamiandó. Selon le témoin, dimanche 28 septembre vers 16h00, a eu lieu une nouvelle incursion de type paramilitaire dans l'agglomération abandonnée « Nueva Esperanza », située à moins de deux minutes sur la rive gauche du fleuve Jiguamiandó où les habitants étaient réfugiés depuis 2001.

Le dimanche 28 septembre, un important groupe de « civils » armés faisant partie de la stratégie paramilitaire s'est rendu à l'ancien hameau de « Nueva Esperanza », d'où les habitants avaient été déplacés en juin 2001 et qui se trouve à moins de 100 mètres en traversant le fleuve de l'endroit où les familles des Conseils Communitaires étaient réfugiés en secret jusqu'à aujourd'hui. Quelques minutes après la prise du hameau, les civils armés ont tiré avec des fusils contre quatre afro descendants qui fuyaient dans une petite embarcation - avec un moteur 40 centimètres cubes vers l'agglomération de « Pueblo Nuevo ». Les paysans se sont jetés à l'eau et ont réussi à échapper aux balles grâce à la crue du fleuve.

Ainsi, les « civils » armés de la stratégie militaire secrète n'ont pas réussi à traverser jusqu'à l'ancien refuge des afro descendants, mais ils ont assiégé toutes les agglomérations du Jiguamiandó en empêchant tout movement par le fleuve.

Les habitants de « Nueva Esperanza », en majorité des personnes âgées, des femmes et des enfants, se sont déplacés en secret, beaucoup d'entre eux, à l'intérieur du Territoire Collectif, et les autres vers les agglomérations de « Pueblo Nuevo » et quelques uns vers Murindó.

Jusqu'à hier, mercredi 1 octobre à 18 heures, les paramilitaires occupaient toujours l'ancien hameau de « Nueva Esperanza », alors que les habitants afro descendants étaient déplacés en secret et que les autres communautés des conseils communautaires étaient toujours assiégées depuis le fleuve.

Ceci est la troisième action paramilitaire contre les habitants de « Nueva Esperanza » membres du Grand Conseil du Jiguamiandó depuis le mois de juin de cette année.

Lors des deux actions précédentes, quatre paysans ont été arrêtés et ont disparu, les habitants qui n'ont pas réussi à se protéger dans la nature ont été menacés de mort et intimidés tandis que les biens de la population civile ont été détruits et détériorés par des mortiers lancés au hasard. L'ancien hameau de « Nueva Esperanza », où les paysans s'étaient réfugiés jusqu'à dimanche, est stratégique car depuis le Jiguamiandó il permet l'accès rapide aux terrains du Curbaradó où se trouvent les 1500 hectares de palmiers à huile plantés illégalement.

Cela fait déjà 17 fois cette année, avec la dernière incursion, que les paramilitaires portent atteinte aux afro descendants du Conseil Communitaire du Jiguamiandó et du Curbaradó.

Pendant ce temps le gouvernement colombien fait traîner, depuis le mois d'avril, sa réponse à la proposition des Zones Humanitaires envisagées par les Conseils Communitaires du Jiguamiandó et des 9 conseils du Curbaradó. Tandis qu'une intervention administrative de la part de l'Etat est nécessaire face à la plantation illégale de palmiers à huile par des entreprises privées dans trois communautés, de nouveaux dommages irréparables ont été produits contre les afro descendants, des modèles de répression et de contrôle se sont développés, protégés par des omissions et complicités étatiques avec des actes de type paramilitaire. Des dommages à des biens civils ont même été provoqués lors des confrontations armées entre les militaires - paramilitaires et la guérilla des forces des FARC EP.

Depuis le mois de mars de cette année, la Cour Interaméricaine des Droits de l'Homme de l'OEA a décidé des mesures provisoires en faveur des Conseils Communautaires du Jiguamiandó et du Curbaradó, dont certaines abordent le Droit à la Justice, les conditions de protection lors d'actes préventifs face à des acteurs illégaux, et la réponse aux zones humanitaires avec une présence permanente du Médiateur du Peuple.

Absolument aucune des mesures décidées n'a été adoptée. Les actes armés contre les populations persistent et les omissions de la Brigade XVII sont évidentes. Les « civils » armés se déplacent facilement par voie de terre dans des camions et camionettes depuis Mutatá jusqu'à Urabá, passant par Belén de Bajirá et Pavarandó à la vue de tout type d'autorités sans qu'il existe la moindre réserve ni honte publique.

Le bilan de janvier à aujourd'hui met en évidence que les dommages irréparables augmentent, que la plantation illégale de palmiers à huile continue dans les territoires collectifs des trois communautés dont les habitants sont déplacés dans le Territoire Collectif, alors que la presse annonce que cette proposition de monoculture agro-industrielle devra se faire par l'association de paramilitaires démobilisés.

Nous vous demandons de contacter :

  • Vice Président Francisco Santos
    fax: 57 1 342 05 92
    Tél. portable: 3107.720.130
  • Défenseur National du Peuple Wolmar Pérez
    fax 57 1 640 04 91

afin de :

    1) rendre urgente la présence humaine de l'état civil et d'organismes humanitaires internationaux d'observation des droits de l'homme pour rendre compte de la situation

    2) convoquer la Commission Mixte de Suivi, CMS, formée par des organismes internationaux gouvernementaux étatiques, non-gouvernementaux nationaux et internationaux, pour connaître la réponse officielle qui sera donnée face aux propositions de Zone Humanitaire, de Présence Permanente du Médiateur du Peuple, et de la Cessation de la Plantation de palmiers à huile.

Bogotá, D.C . 02 octobre 2003
Comisión Intereclesial de Justicia y Paz

Human Rights in Colombia

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Published online on 04Feb04 by Equipo Nizkor and Derechos Human Rights