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23avr19


Quel est l'objectif de la Nouvelle route de la soie de la Chine?


Pékin accroît ses investissements dans la vaste initiative commerciale et d'infrastructure «La Ceinture et la Route», malgré la critique et l'opposition grandissantes au projet le plus ambitieux du monde, écrit le quotidien South China Morning Post.

Les ambitions de la Chine seront sous le feu des projecteurs cette semaine, lorsque 37 chefs d'État, dont le président russe Vladimir Poutine, se rendront à Pékin pour assister au forum «La Ceinture et la Route» -- le deuxième en moins de deux ans. Par contre, ni l'Inde ni les États-Unis n'y enverront leurs hauts représentants, écrit le site d'information Vestifinance.

Les observateurs indiquent que cette activité est orientée aussi bien sur le public national qu'étranger, sachant que Pékin cherche à afficher la popularité de la politique étrangère du président chinois Xi Jinping et à évaluer le niveau d'intérêt et d'attachement parmi les participants au projet. Mais on s'attend également à une analyse détaillée des ambitions globales de la Chine elle-même.

Au premier forum «La Ceinture et la Route» en mai 2017, Xi Jinping avait parlé des anciens itinéraires de la Route de la soie comme d'un «grand patrimoine de la civilisation humaine». Il avait expliqué comment la Nouvelle route de la soie compléterait les stratégies de développement de différents pays. Plus de 100 pays et organisations internationales avaient affiché leur soutien à ce projet.

Ces dernières années, cette initiative s'est transformée en une stratégie bien plus globale pour se transformer en élément central de la politique économique et étrangère de Xi Jinping, avec pour objectif la transformation de Pékin en leader international jouant sur un pied d'égalité avec Washington, ainsi que le rétablissement de sa grandeur sur la scène mondiale. Cette initiative a également été fixée dans la Constitution du parti communiste en 2017.

Yun Sun, l'une des directrices du programme pour l'Asie de l'Est du Centre Henry Stimson de Washington, note que «La Ceinture et la Route» poursuit aussi bien des fins économiques que stratégiques.

«Cette initiative aide la Chine à absorber les capacités économiques intérieures excessives, à élargir les marchés extérieurs et les relations commerciales, à renforcer les relations politiques avec les pays-bénéficiaires, les liens militaires et l'influence en matière de sécurité. En fin de compte, tout cela contribue à la formation d'un nouvel ordre où la Chine joue un rôle bien plus notable», déclare-t-elle.

L'initiative commerciale et d'infrastructure de Pékin «La Ceinture et la Route» est appelée à unir plus de 60 pays d'Asie, d'Europe, d'Afrique et du Moyen-Orient par des voies maritimes et terrestres. Outre l'accroissement du commerce et des investissements, la Chine s'efforce de stimuler les échanges dans les secteurs tels que la science, les technologies, la culture et l'éducation.

De nombreux spécialistes disent que l'intégration progressive de l'Europe et de l'Asie pourrait changer l'ordre économique et politique mondial en remplaçant les itinéraires transatlantiques dominants dans le commerce mondial. Selon un rapport de la banque ING publié l'an dernier, le commerce entre l'Asie et l'Europe (commerce entre les pays de l'UE mis à part) a atteint 28% des échanges mondiaux. La facilitation des flux commerciaux entre les pays situés le long des corridors de «La Ceinture et la Route», notamment en Europe de l'Est et centrale, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est, pourrait augmenter le commerce international de 12%.

Toutefois, beaucoup d'opposants au projet, notamment les élites politiques aux États-Unis et dans les pays alliés, ne craignent pas seulement que la Nouvelle route de la soie soit de mauvaise qualité et représente des pièges de dette, mais également que Xi Jinping cherche à défier les systèmes occidentaux-centriques de commerce et de contrôle existants.

Par ailleurs, le site d'information Vesti Finance souligne que l'UE est de plus en plus inquiète que la Chine utilise la tactique du «diviser pour mieux régner» vis-à-vis des pays européens. Auparavant, Bruxelles avait décrit pour la première fois la Chine comme un concurrent systémique et s'était dit préoccupé par l'adhésion des États membres à la Nouvelle route de la soie.

Pékin nie systématiquement les affirmations selon lesquelles il aurait utilisé l'initiative «La Ceinture et la Route» comme un moyen de renforcer son influence politique. En mars, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a déclaré que cette initiative n'était pas «du tout un piège de dette» et qu'elle serait bénéfique pour la population du monde entier. «Ce n'est pas un instrument géopolitique mais une opportunité pour de nombreux pays de se développer ensemble», avait-il souligné.

George Magnus, chargé de recherches au China Centre de l'Université d'Oxford, note que «La Ceinture et la Route» est une réponse ou une alternative de la Chine au dit «ordre financier économique et international néolibéral».

«L'objectif de la Chine ne consiste pas à perturber l'ordre mondial [ce qui l'affecterait], mais à l'orienter davantage sur ses propres intérêts et règles de conduite», conclut-il.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

[Source: Sputnik News, Vestifinance.ru, Moscou, 23avr19]

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