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21juin15


L'Accord de paix d'Alger signé


Le Centre international de conférences de Bamako était entouré, hier, d'un dispositif spécial de sécurité. Garde nationale, police et gendarmerie contrôlaient les entrées.

Des hommes casqués et armés étaient postés tout autour de l'immense bâtiment d'architecture soviétique. Dans la Salle des mille places, décorée de rubans rouges, jaunes et verts, le protocole termine ses préparatifs.

La table où doit être signé le texte d'accord n'est pas prête. Il faut agrafer les rubans. Autorités maliennes, partis politiques, militaires, société civile, ambassadeurs, membres de la médiation internationale et membres des mouvements armés arrivent dans la salle à la moquette rouge parsemée de fleurs de lys dorées alors que la fanfare militaire répète pour les besoins de la télévision nationale.

«La cérémonie d'aujourd'hui permettra d'envisager l'avenir avec plus d'optimisme», a déclaré en ouverture de la cérémonie, le ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop, qui a salué «l'accompagnement constant de la communauté internationale» au fil des négociations. A la tribune, le ministre des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra, a évoqué «une date historique» qui marque «un nouveau départ et une nouvelle destinée pour la nation malienne». Il a assuré que l'Algérie resterait présente, à la tête du comité de suivi de la mise en œuvre de l'accord. «Ce qui nous attend est une œuvre civilisationnelle», a-t-il dit.

Le ministre a été suivi sur la grande estrade par Mahamadou Djeri Maïga, vice-président du MNLA et représentant de la Coordination des mouvements de l'Azawad. «Une paix ne se gagne jamais uniquement d'une simple signature. Nous fondons beaucoup d'espoir sur les assurances du président Ibrahim Boubacar Keïta et sur celles des partenaires internationaux», a-t-il déclaré, avant d'aller serrer la main du président malien. Puis, Brahim Ould Sidat, leader du Mouvement arabe de l'Azawad et membre de la CMA, s'est levé pour signer l'Accord de paix sous les flashs des photographes. Cette cérémonie n'efface cependant pas tous les doutes.

Dans les rangs de la CMA, l'humeur est plutôt à la résignation. La signature de l'accord ne fait pas l'unanimité. «On m'a dit qu'il fallait absolument que je vienne», lâche un cadre, qui estime qu'en acceptant de signer, Bilal Ag Cherif, le leader de la Coordination, a «trahi les siens». «Nous avons menti à nos populations. Personne ne leur a dit clairement que nous n'aurions jamais l'indépendance», explique-t-il en montrant son téléphone portable où il reçoit des messages d'habitants de Kidal réclamant que «la lutte continue».

Devant les images de femmes qui manifestaient hier à Kidal pour dénoncer la signature de l'Accord de paix, il sourit : «Heureusement que ces gens sont là pour montrer qu'on nous a forcés à signer ce texte.» Le mandat d'arrêt qui existait contre lui a été levé jeudi. «Mais mes comptes bancaires sont toujours bloqués», dit-il. La sécurité des mouvements armés devait être assurée par les autorités maliennes.

Au dernier moment, les soldats de la Minusma sont venus en renfort pour protéger les hôtels. «Cela nous rassure», souffle un membre d'un mouvement armé.

Mais la principale interrogation de tous reste : comment mettre en œuvre cet accord ? «Tout le monde est sceptique sur la volonté politique de part et d'autre», souligne un diplomate occidental. L'opposant politique Tiébilé Dramé estime que le président Ibrahim Boubacar Keïta n'a «aucune stratégie» sur la question du Nord. «Aujourd'hui, nous ne savons pas quelle est la volonté du gouvernement pour cette mise en œuvre», déclare un cadre de la Coordination.

Comment la médiation fera-t-elle pour faire respecter l'accord, alors qu'elle n'a pas réussi à le faire ni dans les années 1990 ni en 2006. Premier rendez-vous, la mise en place du Comité de suivi et d'évaluation qui est chargé de créer les différents instruments de la mise en œuvre de la paix. Une réunion est prévue dès aujourd'hui à Bamako.

[Source: Par Lelia Beratto, Bamako, El Watan, Alger, 21juin15]

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