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23avr13


L'Europe veut aider les rebelles avec le pétrole, pas les armer


L'Union européenne a envoyé lundi un signe de soutien à l'opposition syrienne en autorisant les importations de pétrole des zones qu'elle contrôle, tandis que le débat sur l'opportunité de lui livrer des armes se poursuit, le secrétaire général de l'ONU appelant à stopper la livraison d'armes aux deux camps.

Réunis à Luxembourg, les ministres européens des Affaires étrangères ont partiellement levé l'embargo pétrolier appliqué depuis septembre 2011 à l'encontre de la Syrie.

Les ministres ont jugé "nécessaire" d'"introduire des dérogations" aux sanctions dans le but d'"aider la population civile syrienne, en particulier en réponse aux problèmes humanitaires (...) et pour rétablir une activité économique normale", ont-ils indiqué dans les conclusions de leur réunion.

"Nous répondons ainsi aux critiques de l'opposition et de la population, qui affirment être plus affectées par les sanctions internationales que le régime" de Bachar al-Assad, a expliqué un haut responsable de l'UE.

"Nous voulons aider à la reconstruction économique" des zones contrôlées par l'opposition "afin que la population se rende compte qu'il existe une véritable solution alternative au régime d'Assad", a souligné le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle.

L'UE va ainsi lever les restrictions sur les ventes d'équipements pétroliers et sur les investissements dans ce secteur, à condition qu'ils ne bénéficient pas au régime.

Les sociétés intéressées par l'importation de brut ou par des investissements devront demander l'autorisation de leur gouvernement, qui tentera d'obtenir des garanties de la Coalition de l'opposition.

Car les Européens s'inquiètent aussi de la réalité du contrôle des champs pétrolifères les plus importants par les différents mouvements rebelles. Ceux de Deir Ezzor (est) et d'Hassaka (nord-est) seraient en majorité aux mains des insurgés, en particulier du Front Al-Nosra, affilié à Al-Qaïda, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Il ne faut pas s'attendre à ce que les nouvelles mesures aient un impact rapide", a prévenu un responsable de l'UE, reconnaissant la "complexité" de leur mise en oeuvre.

Depuis le début de la révolte en mars 2011, la production pétrolière syrienne a été pratiquement divisée par trois, tombant à 130.000 barils par jour en mars, soit à peine plus de 0,1% du total mondial, selon les dernières évaluations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

La question des armes lourdes en suspens

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon "a appelé à stopper le flot d'armes qui parviennent aux deux camps dans le conflit syrien". "Davantage d'armes ne ferait qu'augmenter le nombre de morts et les destructions", a-t-il déclaré lors d'un entretien avec le Premier ministre du Qatar Cheikh Hamed ben Jassem Al-Thani et le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Araby.

Avec les mesures décidées lundi, les Européens suivent la même ligne prudente que les Etats-Unis, qui ont annoncé samedi un doublement de leur aide directe à l'opposition.

Malgré les appels insistants de la Coalition, Européens comme Américains hésitent à fournir des armes lourdes qui permettraient aux rebelles de lutter contre les attaques aériennes de Damas.

A Tel Aviv, Le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon a prévenu que son pays ne permettrait pas que des "armes sophistiquées" en Syrie tombent aux mains "du Hezbollah ou d'autres éléments hostiles", confirmant implicitement un raid israélien en janvier près de Damas.

Au sein de l'UE, Londres et Paris restent isolés sur la question de l'armement des rebelles, qui doit être réglée d'ici au 1er juin, date à laquelle doit être reconduit, ou amendé, le régime de sanctions visant la Syrie.

Toutefois, si "un ou deux pays veulent livrer des armes", l'Allemagne semble désormais disposée à "ne pas s'y opposer", a déclaré lundi M. Westerwelle, tout en soulignant de nouveau le risque qu'elles "tombent entre de mauvaises mains".

Aux yeux de plusieurs ministres européens, ces craintes sont renforcées par l'état de division de l'opposition. Le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, a jugé "très inquiétante" la démission annoncée dimanche de son chef, Ahmed Moaz al-Khatib. Il faut "continuer à demander à l'opposition d'être plus organisée, plus inclusive", a-t-il ajouté.

Sur le terrain, l'armée syrienne a marqué des points ces derniers jours sur deux fronts stratégiques: dans la région de Homs, frontalière du Liban, qui relie la capitale au littoral, et dans celle de Damas, les troupes du régime cherchant à tout prix à empêcher l'entrée des rebelles dans la capitale.

L'armée a pris dimanche le "contrôle total" du village de Jdeidet al-Fadl, où l'OSDH a pu identifier 101 morts, parmi lesquels trois enfants, 10 femmes et 88 hommes dont 24 rebelles. Ils ont péri dans des bombardements, des combats mais aussi des exécutions sommaires.

Selon l'observatoire, des combattants d'élite du Hezbollah chiite libanais, allié indéfectible du régime syrien, mènent la bataille contre les rebelles dans la région de Qousseir, frontalière du Liban.

[Source: El Watan, Afp, 23avr13]

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