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12mai15

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Chronique photographique de la cérémonie de commémoration du 70e anniversaire de la libération du KZ Mauthausen et de l'hommage rendu aux républicains espagnols déportés


Introduction sur le KZ Mauthausen :

Mauthausen était un camp de catégorie III, la pire catégorie de tout le système des camps de concentration. Pour les prisonniers, c'était synonyme de camp de la mort. Ceux qui, à leur arrivée, étaient inscrits dans le registre d'entrée sous la mention "RU" ("Rückkehr unerwünscht", ou "retour non souhaitable"), étaient d'office condamnés à mort, mais leur force de travail était exploitée au maximum au préalable.

Le 8 août 1938, cinq mois après l'Anschluss (annexion) de l'Autriche au IIIe Reich, arrivaient les premiers prisonniers du camp de Dachau à Mauthausen. Le lieu fut choisi pour sa proximité avec une carrière de granit, comme ce fut aussi le cas pour le camp annexe de Gusen en 1940.

La carrière reflétait bien les conditions de vie et de travail des prisonniers du camp. C'était un endroit de et pour la terreur. À partir de 1939, la plupart des prisonniers travaillèrent à la "Wiener Graben" (Mauthausen), à la "Kastenhof" (Oberbruch and Unterbruch Gusen) et à la "Pierbauer" (Gusen), qui allaient devenir les plus grandes carrières de granit de la DEST ("Deutsche Erd- und Steinwerke GmbH). Grâce à cette main-d'oeuvre esclave étaient extraits les matériaux qui servaient à la construction des oeuvres monumentales et prestigieuses de l'Allemagne nationale-socialiste.

L'une des tâches les plus infâmes et inhumaines réservée aux prisonniers était qu'ils devaient remonter de lourds blocs de granit par un escalier qui séparait la carrière des baraquements pendant que les kapos les poussaient et les rouaient de coups. Il fut surnommé l'"escalier de la mort" ; il comptait initialement 182 marches, puis 186 après les travaux de pavement. Cette tâche permettait une "sélection rapide et efficace pour la mort" par épuisement. La paroi se trouvant à cet endroit était appelée le "mur des parachutistes", d'où les gardes SS lancèrent de nombreux prisonniers. Les personnes ainsi assassinées étaient cyniquement appelées par les SS les "parachutistes".

À Mauthausen se trouvait également le "camp russe" ou "camp sanitaire", qui avait été construit à l'origine pour y loger les prisonniers de guerre soviétiques. Lorsqu'il fut terminé, la plupart d'entre eux était déjà morts, et le camp servit dès lors à héberger les malades, se transformant de facto en un camp de la mort.

Il existait également un lieu destiné aux exécutions, où les prisonniers furent fusillés jusqu'en 1940 par un peloton d'exécution SS. Par la suite, les exécutions eurent lieu dans le "coin du tir dans la nuque", situé dans les caves de la prison du camp, qui servit également aux interrogatoires des prisonniers politiques. Dans la chambre à gas, dans les caves entre l'infirmerie et la prison, étaient assassinés les prisonniers au moyen du gaz léthal Zyklon B. Les corps des prisonniers étaient incinérés dans les fours crématoires, situés dans les caves de l'infirmerie des prisonniers et de la prison. Deux des trois fours sont conservés aujourd'hui.

En tout, entre l'ouverture du camp en août 1938 et la libération par les troupes américaines en mai 1945, quelque 190.000 personnes furent déportées vers Mauthausen, les SS ayant inscrits des hommes, des femmes et aussi des enfants de plus de quarante nationalités. Le système de camps dépendant de Mauthausen compta jusqu'à une cinquantaine de camps annexes éparpillés dans toute l'Autriche.

La fonction politique, la persécution permanente et la détention des opposants politiques et idéologiques prédominèrent jusqu'en 1943. C'est pour cette raison que la plupart des républicains espagnols qui avaient été déportés, surtout depuis la France, terminèrent dans de camp de prisonniers politiques.

À partir de 1942-1943, les prisonniers furent de plus en plus utilisés pour travailler aux fins de l'industrie de la guerre. En conséquence, de nombreux camps annexes furent créés et le nombre de prisonniers augmenta fortement. Fin 1942, Mauthausen, Gusen et un petit nombre de camps annexes comptaient 14.000 prisonniers ; en mars 1945, il y avait à Mauthausen et ses camps annexes (Gusen, Ebensee, Steyr, Gunskirchen, ...) plus de 84.000 prisonniers. Cette surpopulation entraîna une augmentation de la faim et des maladies, ce qui provoque une hausse vertigineuse de la mortalité.

Comme conséquence de l'occupation allemande de la France, des dizaines de milliers de réfugiés de la Guerre civile espagnole, pour la plupart républicains, qui se trouvaient dans des camps d'internement en France ou, pour les hommes, qui avaient rejoints la résistance ou l'armée française dans sa lutte contre l'occupant, tombèrent aux mains des Allemands. Environ 15.000 furent déportés vers les camps de concentration du IIIe Reich, surtout vers Mauthausen et Gusen.

Parmi les plus de 84.000 prisonniers que comptaient le réseau de Mauthausen en mars 1945, 65.000 se trouvaient dans les camps annexes. Les prisonniers du camp constituèrent la source du travail esclave grâce à laquelle se construisaient les usines ou furent directement employés dans la production, notamment dans les entreprises Steyr-Daimler-Puch, Reichswerke Hermann Göring et celles fabriquant des avions, Heinkel-Werke et Messerschmitt.

À partir de fin 1943, les prisonniers furent forcés de construire principalement des centres de production souterrains qui seraient épargnés des attaques aériennes. Le camp de Gusen fut dès lors agrandi et les grands camps annexes d'Ebensee et Melk furent créés.

Ainsi, le camp principal de Mauthausen assuma de plus en plus, dans la seconde partie de la guerre, le rôle de centre administratif d'où étaient répartis les prisonniers vers les camps annexes. Dans le même temps, les prisonniers malades ou inaptes au travail étaient transférés depuis les camps annexes vers Mauthausen pour y mourir.

Pour plus d'informations sur le fonctionnement du camp et les crimes qui y étaient commis, vous pouvez consulter la section "Hechos probados en sede judicial relativos a la persecución y exterminio de prisioneros, incluidos prisioneros españoles, en el campo de concentración de Mauthausen" (Faits prouvés au niveau judiciaire relatifs à la persécution et l'extermination de prisonniers, y compris de prisonniers espagnols, dans le camp de concentration de Mauthausen), de la plainte préparée par Equipo Nizkor et présentée au nom de plusieurs survivants et familles de victimes le 19 juin 2008.

Les cérémonies de commémoration du 70e anniversaire de la libération de ce camp furent célébrées le 10 mai 2015, entre 9 h et 14 h.

Chaque année, le Comité autrichien de Mauthausen (Austrian Mauthausen Committee - MKÖ) organise et coordone les cérémonies de commémoration des anniversaires de la libération du camp de Mauthausen, en étroite collaboration avec les organisations de survivants au niveau national (Communauté autrichienne du camp de Mauthausen) et international (Comité international de Mauthausen). Les cérémonies en hommage aux victimes et commémorant la libération qui ont lieu au Mémorial de Mauthausen sont les plus grandes d'Europe.

Depuis 2006, ces cérémonies s'organisent autour d'un thème principal lié à l'histoire de Mauthausen et le passé nazi de l'Autriche. Le thème pour le 70e anniversaire de la libération était "La carrière et les travaux forcés".

Le Mémorial de Mauthausen

Si l'on compare les constructions originales du camp d'extermination, l'aspect du Mémorial aujourd'hui est bien différent du camp lors de sa libération le 5 mai 1945.

Après avoir été administré par les américains, le camp fut utilisé pendant plusieurs mois, à partir de l'été 1945, comme hébergement par l'armée soviétique. Le 20 juin 1947, l'autorité d'occupation soviétique le remit à la République d'Autriche, à la condition de bâtir un Mémorial. L'Autriche a dès lors assumé la responsabilité nationale et sociopolitique de construire pas seulement un monument, mais un mémorial pour les générations futures.

En raison des modifications à apporter pour construire le Mémorial, une grande partie des baraquements des prisonniers et des SS qui existaient encore, ainsi que les installations techniques destinées à l'exploitation de la carrière, furent démontées. Au printemps 1949, le Mémorial fut inauguré sous le nom de "Monument public de Mauthausen".

À l'automne 1949, la France érigea le premier monument national à l'endroit où se trouvaient les baraquements administratifs des SS. Par la suite, de nombreux pays et groupes de victimes érigèrent des monuments, dans ce qu'on appelle désormais le "Parc des monuments".

Le monument aux républicains espagnols est situé en territoire français dans le Parc des monuments, puisque, étant donné leur condition d'"apatrides", ils n'avaient et n'ont toujours pas d'État qui se charge d'ériger et de maintenir un monument en leur honneur.

Au début des années 60, un cimetière fut aménagé au sein du Mémorial de Mauthausen, dans lequel furent alors transférés les restes des victimes du camp de concentration qui avaient été déposés dans les "cimetières américains" de Mauthausen et Gusen, ainsi que les restes gisant dans les fosses communes utilisées par les SS.

Dans le camp II et dans l'enceinte des baraquements 16 à 19 gisent plus de 14.000 victimes. L'ancien bâtiment de l'infirmerie fut adapté et fait office de musée depuis 1970. Depuis mai 2013, il accueille les deux expositions permanentes "Le camp de concentration de Mauthausen 1938-1945" et "Mauthausen, lieu du crime - Une recherche d'empreintes".

Jusqu'à aujourd'hui, la responsabilité de maintenir les mémoriaux des camps de concentration incombait au Département des fosses de guerre et mémoriaux, dépendant du Ministère de l'Intérieur. Selon des informations du Mémorial de Mauthausen, le ministre de l'Intérieur doit présenter une loi fédérale pour établir l'Agence fédérale "Mémorial de Mauthausen" (Memorial Act - GstG), ce qui signifierait que la responsabilité légale et juridique de la République d'Autriche en relation avec le Mémorial serait établie formellement.

Cliquez sur les images pour les agrandir. De nombreuses photographies sont accompagnées d'une description qui apparaît lorsque le curseur se trouve sur la photo agrandie.



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70e anniversaire de la libération des camps nazis
small logoThis document has been published on 21May15 by the Equipo Nizkor and Derechos Human Rights. In accordance with Title 17 U.S.C. Section 107, this material is distributed without profit to those who have expressed a prior interest in receiving the included information for research and educational purposes.